Lieu historique national du Canada de l’Ancien-Pensionnat-Indien-de-Shubenacadie

Shubenacadie, Nouvelle-Écosse
Le pensionnat indien de Shubenacadie, avant 1967 (© Sisters of Charity, Halifax | Soeurs de la Charité, Halifax / Congregational Archives | Archives de la Congrégation / #1695A)
Le pensionnat indien de Shubenacadie, avant 1967
(© Sisters of Charity, Halifax | Soeurs de la Charité, Halifax / Congregational Archives | Archives de la Congrégation / #1695A)
Adresse : Shubenacadie, Nouvelle-Écosse

Loi habilitante : Loi sur les lieux et monuments historiques (L.R.C. (1985), ch. H-4)
Date de désignation : 2020-07-23
Dates :
  • 1928 à 1929 (Construction)
  • 1930 à 1967 (Significative)
  • 1986 à 1986 (Démolition)

Événement, Personne, Organisation :
  • Roland Guerney Orr  (Architecte)
  • Rhodes Curry Ltd.  (Constructeur)
Autre nom(s):
  • L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie  (Nom de la désignation)
  • St. Anne's Convent  (Autre nom)
  • Indian College  (Autre nom)
  • The Resi/Ressi  (Autre nom)
  • Shubie  (Autre nom)
Numéro du rapport de recherche : 2019-025

Plaques


Plaque existante:  Shubenacadie, Nouvelle-Écosse

De nombreux enfants mi’kmaq, wolastoqiyik et d’autres communautés autochtones sont forcés d’aller à l’unique pensionnat créé par le gouvernement canadien et géré par l’Église catholique dans les Maritimes. L’école s’inscrit dans une politique nationale et coloniale visant à assimiler les élèves en interdisant leurs cultures et leurs langues. En 2015, la Commission de vérité et réconciliation décrit cette politique comme un génocide culturel. Plusieurs survivants du pensionnat et leurs descendants la qualifient de génocide. La malnutrition, les sévices, le travail des enfants et les abus vécus ici affectent plusieurs générations. Ce lieu témoigne des enfants qui y sont morts et de la résilience des survivants, descendants et défenseurs de la restitution et de la justice.

Description du lieu patrimonial

Avertissement : Il peut être pénible ou traumatisant de lire sur les pensionnats autochtones. Une ligne d’écoute téléphonique des pensionnats autochtones a été établie à l’échelle du pays pour offrir un soutien aux anciens élèves des pensionnats et à leur famille. Appelez la ligne d’écoute téléphonique au 1 866 925 4419 si vous ou quelqu’un que vous connaissez souffrez d’un traumatisme en lisant le contenu de ce site Web.

Le lieu historique national du Canada de l’Ancien- Pensionnat-Indien-de-Shubenacadie est situé dans le district Sipekni’katik de Mi’kma’ki, près du village de Shubenacadie, en Nouvelle Écosse. Construit en 1928 1929, le bâtiment scolaire a reçu des élèves de 1930 à 1967, avant d’être démoli. Il s’agissait d’un imposant bâtiment en brique rouge de trois étages de style classique moderne, conçu selon un plan symétrique en forme de «¿E¿», avec des dortoirs dans chaque aile latérale et une chapelle dans l’aile arrière. Il se dressait sur une grande propriété qui comprenait des granges et d’autres bâtiments agricoles, des maisons pour le personnel, des champs cultivés et des pâturages.

Le site est laissé à l’abandon en 1967 et demeure inutilisé pendant près de 20 ans. En 1986, un incendie détruit le bâtiment scolaire délabré, et, deux ans plus tard, une usine est construite à sa place. La reconnaissance officielle s’applique à l’enceinte de la propriété de l’usine, même si le site du pensionnat s’étendait bien au-delà de ces limites.

Valeur patrimoniale

L’ancien pensionnat indien de Shubenacadie a été désigné lieu historique national du Canada en 2020. Il a été reconnu pour les raisons suivantes :
• bien que le bâtiment scolaire ne soit plus en place, le site de l’ancien pensionnat est un lieu de mémoire et de guérison pour certains survivants et leurs descendants qui souhaitent préserver l’histoire des pensionnats indiens dans les Maritimes. D’autres, pour qui le site ne détient aucun statut mémoriel ou potentiel de guérison, considèrent que l’édifice et le site témoignent de l’expérience des enfants qui y résidaient et de l’héritage de ces expériences à travers Mi’kma’ki. Plusieurs craignent que les répercussions intergénérationnelles de ces expériences sur les survivants, leurs familles et leurs communautés soient oubliées. L’histoire du pensionnat indien de Shubenacadie est hautement sensible et difficile à élaborer compte tenu du traumatisme qui était, et demeure inhérent à son histoire. De nombreux survivants n’arrivent toujours pas à parler de leurs expériences;
• exploité de 1930 à 1967, cet établissement était le seul pensionnat indien des Maritimes. Il a été construit afin de compléter le système fédéral de pensionnats indiens. L’institution a d’abord été gérée par l’archidiocèse catholique romain d’Halifax, puis par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, tandis que les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paul d’Halifax se sont chargées de l’enseignement aux enfants. L’établissement faisait partie du système des pensionnats indiens où le gouvernement fédéral et les églises travaillaient ensemble afin d’assimiler les enfants autochtones dans le cadre d’un vaste ensemble de démarches visant à détruire les cultures et les identités autochtones et à supprimer leurs histoires;
• les enfants mi’kmaw et wolastoqkew de la Nouvelle-Écosse, de l’Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et du Québec (et possiblement des enfants issus d’autres communautés autochtones) ont fréquenté le pensionnat indien de Shubenacadie. Ils ont été soumis à une discipline sévère, à la malnutrition et à la famine, à de mauvais soins de santé, à des abus physiques, émotionnels et sexuels, à l’expérimentation médicale, à la négligence et à la suppression délibérée de leurs cultures et de leurs langues; certains sont morts au pensionnat. Dès les premiers jours du pensionnat, les élèves, leurs familles et les dirigeants de la communauté ont exprimé des objections et ont protesté contre tout ce qui s’y rattachait, notamment la fréquentation forcée, les conditions pitoyables, les mauvais traitements et la piètre qualité de l’enseignement. Les enfants ont lutté contre le système en refusant de renoncer à leur langue et à leur identité. Plusieurs enfants se sont enfuis du pensionnat pour tenter de rentrer chez eux.

La valeur patrimoniale de l’ancien pensionnat indien de Shubenacadie repose sur ses liens intimes avec le passé ainsi que sur des expériences vécues et des souvenirs des survivants. C’est un lieu de commémoration important, un rappel poignant de la douleur, de la souffrance et des expériences traumatisantes des Survivants. Le site nous rappelle tristement l’histoire des pensionnats autochtones dans les Maritimes et s’assure de faire perdurer celle du système des pensionnats. C’est également un lieu important en raison de ses liens avec le système des pensionnats, qui a eu des effets complexes et perturbateurs sur des générations d’enfants, de parents et de communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Le site est un rappel du destin tragique des enfants qui y ont perdu la vie, de la résilience des survivants et de leurs descendants et de la lutte de certaines personnes pour obtenir justice et réparer les torts du passé.

Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, procès-verbal, décembre 2019.

Éléments caractéristiques

Parmi les caractéristiques qui confèrent à ce lieu sa valeur patrimoniale, notons : son emplacement à l’extérieur du village de Shubenacadie, au sommet d’une petite colline située sur la route Indian School; la présence possible de lieux de sépulture; les points de vue du site vers les collines vallonnées, les terres agricoles, la rivière Shubenacadie et les maisons où logeait le personnel situées le long de la route Indian School; l’accès et l’utilisation constante du site par les Survivants, leurs descendants et les communautés autochtones à des fins cérémoniales, commémoratives, spirituelles et éducatives.