La Petite-Ferme, maison
Édifice fédéral du patrimoine classé
Cap-Tourmente, Québec
Façade avant
© Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency, 1991.
Adresse :
La petite-ferme, Cap-Tourmente, Québec
Loi habilitante :
La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation :
1992-07-09
Dates :
-
1692 à 1732
(Construction)
-
1866 à 1866
(Significative)
Ministère gardien
Environnement Canada
Référence du rapport BEEFP
91-039
Numero RBIF :
67466 00
Description du lieu patrimonial
La maison de la Petite-Ferme est une construction en pierre simple et sobre, d’un étage et demi, collée au sol, qui est formée d’un corps principal de grandes dimensions et d’une petite aile à l’arrière, construite perpendiculairement par rapport au corps principal à une période ultérieure. Les ouvertures des portes et des fenêtres sont régulièrement espacées dans les murs de moellons recouverts de crépi. La maison est coiffée d’un toit à deux versants à pente raide, percé de lucarnes et d’imposantes souches de cheminée. Le toit est prolongé par un large débordement évasé qui couvre la véranda à l’avant. La maison, qui fait face au fleuve Saint-Laurent, se dresse parmi quatre autres bâtiments de la ferme sur un terrain plat qui fait partie de la réserve nationale de la faune du Cap-Tourmente. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.
Valeur patrimoniale
La maison de la Petite-Ferme est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’elle présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’elle occupe dans son milieu.
Valeur historique
L’ensemble de la Petite-Ferme, qui se dresse à un emplacement occupé par les Autochtones pendant plus de 2 000 ans, est associé à plusieurs thèmes d’importance nationale. La maison est le plus vieux bâtiment de l’ensemble, la plus importante ferme exploitée par le Séminaire de Québec dans la région pendant plus de 300 ans sous le régime seigneurial. À ce titre, elle illustre l’évolution des techniques agricoles et les progrès réalisés en agriculture au Québec au cours des derniers siècles. De plus, elle évoque l’évolution de la vocation de l’endroit qui est passé d’une ferme à une réserve de faune. La maison est aussi associée à Joseph-Michel Cadet, personne d’importance historique régionale, un homme d’affaires important et un fonctionnaire sous le régime français qui a loué et exploité la Petite-Ferme pour le compte du Séminaire pendant les dernières années du régime français.
Valeur architecturale
La maison de la Petite-Ferme est un très bel exemple de l’architecture domestique du régime français, à laquelle des éléments d’inspiration néo-classique ont été ajoutés au XIXe siècle pour transformer la maison en maison de ferme typique du Québec. Grâce à sa simplicité et à sa bonne conception fonctionnelle, le bâtiment a continué d’être utilisé pendant plus de 250 ans pour loger les agriculteurs, en plus d’accueillir diverses autres fonctions dans ses salles plus spacieuses et, à l’occasion, de loger des étudiants du Séminaire en vacances. L’emploi de méthodes de construction traditionnelles éprouvées, y compris les murs d’une grande épaisseur en moellons de grès d’origine locale et la charpente du toit en cèdre, témoignent de la qualité de l’exécution et des matériaux.
Valeur environnementale
La maison de la Petite-Ferme affirme le cachet agricole de son cadre et rappelle la vocation historique de l’ensemble de bâtiments en raison de ses dimensions imposantes, de la ligne de son toit et de ses cheminées et de son emplacement bien en vue au bord de la route. Destination recherchée par bon nombre des visiteurs à la réserve nationale de la faune du Cap-Tourmente et point de rencontre de chercheurs spécialisés en préservation de la faune et de la flore, la maison est aussi un repère connu dans la région.
Sources : Christine Chartré, Bâtiments de la Petite-Ferme à Cap-Tourmente (Québec). Rapport du Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine 91-39; Maison de la Petite-Ferme à Cap-Tourmente (Québec). Énoncé de la valeur patrimoniale, 91-39a.
Éléments caractéristiques
Les éléments qui définissent le caractère de la maison de la Petite-Ferme, devraient être respectés.
Son esthétique et sa conception fonctionnelle, typique des résidences du régime français et de la maison de ferme québécoise d’inspiration classique venue plus tard, et la très grande qualité des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire : la volumétrie de base de la maison et les techniques de construction employées, évocatrices des débuts de l’architecture en Nouvelle-France, y compris le volume long d’un étage et demi, collé au sol, les épais murs en moellons de grès dits de la Côte de Beaupré et recouverts de crépi sur toutes les façades sauf une, les ouvertures régulièrement espacées, presque symétriques, et le toit à deux versants à pente raide recouvert de bardeaux de bois, soutenu par une charpente en cèdre à tenons et mortaises et dominé par d’imposantes souches de cheminées; les éléments ajoutés au XIXe siècle, dont l’aile arrière conçue afin de respecter les lignes générales du corps avant, et le débordement évasé d’inspiration classique du toit, la véranda soutenue par des poteaux décorés, les lucarnes et les portes, éléments qui contribuent tous à faire de la maison une maison de ferme québécoise typique; le plan du rez-de-chaussée du corps principal de la maison, qui rappelle le XVIIIe siècle, y compris l’enfilade de quatre grandes pièces, l’existence d’une partition du côté nord de la salle centrale et l’emplacement des portes et des escaliers; les détails structuraux et décoratifs d’époque, comme les foyers, les plafonds à caissons, les murs lattés, les boiseries, etc., qui rehaussent la simplicité de l’intérieur; les marques de l’histoire et l’évolution du bâtiment, y compris les traces laissées par un incendie qui s’est déclaré en 1759 dans la section est du bâtiment, et les deux fondations qui pourraient indiquer que le corps principal a été construit par étapes.
La façon dont la maison affirme le cachet agricole de son cadre et constitue un repère important dans la région, c’est-à-dire : le profil de la maison, les matériaux employés qui contrastent avec ceux des bâtiments voisins, et son emplacement bien en vue au bord de la route, qui contribuent à faire de la maison l’élément dominant de l’ensemble de la Petite-Ferme; le rapport entre la maison et les quatre autres bâtiments qui subsistent de l’ensemble et qui se trouvent derrière la maison, agencés selon un axe nord-ouest, ainsi que le profil général de la Petite-Ferme qui contraste avec le panorama plat des plaines; l’inclusion du bâtiment dans les limites de la réserve nationale de la faune du Cap-Tourmente et son utilisation comme symbole pour la commercialisation du site, la reconnaissance de la longue association historique entre l’ensemble et la région, ce qui contribue à le faire connaître autant des visiteurs que des chercheurs.
Énoncé de valeur patrimoniale
Avis de non-responsabilité -
L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.
La maison de la Petite ferme a été construite vers la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle; son concepteur nous est inconnu. Elle a conservé sa fonction résidentielle jusqu’en 1969, année où le site fut acheté par le gouvernement fédéral pour faire partie de la Réserve nationale de faune du cap Tourmente. La maison a alors été transformée en centre administratif; par la même occasion, on a redonné au rez-de-chaussée son aspect du XVIIIe siècle. Le Service canadien de la faune est responsable de cette résidence. Consulter le rapport 91-39 du BEEFP.
Raisons de la désignation
La maison de la Petite ferme a été désignée <<édifice classé>> pour l’importance des thèmes historiques auxquels elle est associée, pour sa grande valeur environnementale et pour ses qualités architecturales.
Plusieurs thèmes de l’histoire du Canada sont associés à cette résidence et à son site. Les artefacts trouvés sur le site indiquent une présence amérindienne de plus de deux millénaires. Le régime seigneurial, envisagé par les autorités françaises pour assurer notamment la survie des institutions religieuses, permit au Séminaire de Québec d’exploiter les terres de Cap-Tourmente pendant plus de 300 ans. L’évolution des pratiques agricoles à la Petite ferme témoigne de l’évolution de l’agriculture au Québec. Enfin, l’intégration du site à la Réserve nationale de faune du cap Tourmente, reconnue comme l’habitat de l’unique population de grandes oies des neiges au monde, touche au thème de la protection de la faune.
Le lien historique de la maison avec son site et les autres bâtiments de ferme a été préservé en partie. Cette maison demeure le fondement du caractère actuel du secteur où elle est située. Très connue des milliers de visiteurs qui fréquentent la réserve chaque année, sa renommée dépasse les frontières. En effet, elle sert de lieu de rencontre à divers organismes et chercheurs associés à la conservation de la faune et de la flore, qui viennent de partout dans le monde.
La maison de la Petite ferme est un excellent spécimen de résidence du régime français, à laquelle on a ajouté, au XIXe siècle, des traits pittoresques d’influence néo-classique. Sa survivance jusqu’à nos jours, plus de 250 ans, fait la preuve de la qualité des matériaux utilisés et de l’habilité des artisans de l’époque.
Eléments caractéristiques
La valeur patrimoniale de la maison de la Petite ferme repose sur sa forme architecturale qui exprime plusieurs étapes de construction, sur ses matériaux, sur son aménagement intérieur, ainsi que sur sa relation avec le site et les autres bâtiments qui l’entou rent.
Les traits caractéristiques qui rattachent cette résidence au régime français sont son long volume d’un étage et demi collé au sol; ses épais murs de moellons recouverts de crépi, sauf en façade; son toit à deux versants à pente fortement accentuée et à recouvrement de bardeaux de bois; ses imposantes souches de cheminée et une certaine régularité dans la disposition des ouvertures. Les apports du XIXe siècle incluent l’aile arrière qui reprend les lignes de force du bâtiment principal, le prolongement de l’avant-toit incurvé, la galerie aux poteaux ouvragés, les lucarnes et les portails d’influence néo-classique.
Étant donné le nombre de modifications ayant affecté ce bâtiment, il serait préférable de s’en tenir aux choix déjà faits, à moins qu’un changement soit nécessaire par souci de cohérence historique. C’est dans cet esprit que le revêtement des murs extérieurs et le modèle des fenêtres devraient être évalués; le choix du modèle et des matériaux devrait concorder avec la période privilégiée pour le traitement de l’extérieur.
L’aménagement du rez-de-chaussée du corps principal rappelle celui du XVIIIe siècle; la pièce centrale conserve dans son côté nord une cloison du XIXe siècle. L’organisation spatiale du reste du bâtiment a su s’adapter aux besoins du nouvel usager. Il est recommandé d’éviter une nouvelle manipulation des espaces intérieurs afin d’éviter de faire disparaître des traces historiques significatives. Il importe aussi de maintenir les accès et les circulations verticales dans leur position d’antan, pour préserver la logique de l’espace intérieur.
Un certain nombre de détails structuraux ou ornementaux d’époque sont encore en place (foyers, plafonds à caisson, murs lattés, boiseries, etc.). Il est recommandé de les documenter et de les préserver avec soin. Le choix des matériaux de finition ou leur absence (murs de maçonnerie laissés à nu) devraient être basés sur une documentation pertinente, tout comme la reconstitution d’éléments disparus. Les aménagements et les éléments de services modernes (éclairage, chauffage, ventilation, etc.) devraient être discrets pour respecter la sobriété du décor.
Il est important de sauvegarder tous les éléments de structure significatifs, dont la très belle charpente de toit à tenons et mortaises, et les deux fondations dans le sous-sol, composants qui indiquent une possible construction par étape. La préservation des traces de l’incendie du bâtiment par les Britanniques en 1759 (partie est) pourrait permettre d’évoquer une tranche importante de l’histoire du site.
Cette maison ancestrale fait partie d’un ensemble de bâtiments de ferme dont certains ont disparu; elle est la seule à posséder un carré en pierre (apparente en façade) et un toit de bardeaux. Il est fortement recommandé de préserver ces traits distinctifs et de s’assurer que le contexte environnemental ne soit pas modifié par de nouvelles démolitions, des ajouts ou des constructions nouvelles. Il est également recommandé de sauvegarder le profil du complexe dans le paysage et de maintenir le caractère agricole du site.