Imprimerie nationale et chaufferie
Édifice fédéral du patrimoine classé
Gatineau, Québec
Vue de l'intérieur
© Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, S. Ricketts, 1994.
Adresse :
45, boulevard Sacré Coeur, Hull, Gatineau, Québec
Loi habilitante :
La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation :
1995-03-16
Dates :
-
1949 à 1956
(Construction)
Événement, Personne, Organisation :
-
Ernest Cormier
(Architecte)
Ministère gardien
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
Référence du rapport BEEFP
93-117
Numero RBIF :
07605 00
Description du lieu patrimonial
L’Imprimerie nationale et chaufferie forment un bâtiment monumental et symétrique composé d’un corps central aux lignes nettes et austères, revêtu de granit et abritant des bureaux, d’un portique d’entrée à cinq baies flanqué en saillie par deux pavillons de bureaux et, en retrait, d’ailes entièrement vitrées, au caractère moderne et industriel. Mélange des styles Beaux-arts et international, le bâtiment possède une allée centrale et formelle d’accès et s’inscrit dans un paysage dégagé le long d’une voie bordée d’arbres, soit le boulevard Sacré-Cœur à Gatineau (Québec). La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.
Valeur patrimoniale
L’Imprimerie nationale et chaufferie forment un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique et de ses valeurs architecturale et environnementale.
Valeur historique
L’Imprimerie nationale et chaufferie constituent l’un des plus importants projets architecturaux associés au thème historique national de l’expansion des services gouvernementaux fédéraux à la suite de la Seconde Guerre mondiale. De 1949 à 1953, le gouvernement fédéral a dirigé un ambitieux programme de reconstruction d’après-guerre, érigeant près de deux cent nouveaux bâtiments fédéraux à travers le pays, dont l’Imprimerie nationale, pour être en mesure de fournir à une population en croissance des services sociaux adéquats et éviter un taux de chômage élevé. Conçus dans le cadre du Plan Gréber qui visait à décentraliser les services fédéraux dans des noyaux urbains répartis à travers toute la région, l’Imprimerie nationale et chaufferie ont été le premier projet architectural d’envergure entrepris par le gouvernement fédéral dans le but d’intégrer physiquement la ville de Hull, présentment Gatineau, dans la région de la Capitale nationale.
Valeur architecturale
L’Imprimerie nationale et chaufferie constituent une importante prouesse architecturale, alliant les principes de composition et les éléments classiques du style Beaux-arts à la fonctionnalité du style international afin d’abriter la double fonction du bâtiment, soit celle d’édifice administratif et d’atelier industriel. Un très bon exemple de l’œuvre de l’architecte montréalais Ernest Cormier, l’Imprimerie nationale et la chaufferie ont été conçus afin d’offrir des installations à la fine pointe de la technologie et une capacité d’impression à grande vitesse. L’excellente conception fonctionnelle du bâtiment combine une structure en béton armé et des colonnes réparties selon une trame régulière, tel qu’éprouvé dans la construction des usines de l’époque, avec la progression hiérarchique et symétrique des espaces intérieurs caractéristique du style Beaux-arts. Grâce à cette configuration, la majorité des activités d’impression étaient réalisée dans les vastes espaces dégagés et polyvalents du troisième étage, tandis que l’image administrative de l’Imprimerie nationale était conférée par le hall d’entrée d’une double hauteur et les fonctions publiques du rez-de-chaussée. Particulièrement remarquable est le design rare et novateur du mur-rideau vitré qui laisse entrevoir les systèmes mécaniques et la plomberie contrôlant le climat des espaces de production de l’imprimerie. Construit avec les meilleurs matériaux et une grande qualité d’exécution, ce bâtiment possédait la double vocation d’abriter des bureaux administratifs fédéraux et des installations industrielles, ce dont témoignent également la conception et le traitement des façades extérieures ainsi que le choix des matériaux utilisés à l’intérieur.
Valeur environnementale
En tant que bâtiment monumental, disposé de façon symétrique au bout d’une allée d’accès centrale et formelle de même qu’entouré de vastes espaces dégagés de tous les côtés, l’Imprimerie nationale et la chaufferie est compatible avec le caractère mixte, à la fois résidentiel et institutionnel, du quartier. Visuellement prédominant en raison de sa taille monumentale, de sa conception originale et de son emplacement de choix le long du boulevard Sacré-Cœur, le bâtiment est un point de repère familier bien connu des habitants la ville et de la région.
Sources: Shannon Ricketts, Imprimerie nationale et la chaufferie, Gatineau (Québec). Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche 93-117; Imprimerie nationale et chaufferie, Hull (Québec). Énoncé de la valeur patrimoniale 93-117.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques de l’imprimerie nationale et de chaufferie devraient être respectés.
Son alliage des styles Beaux-arts et international, son excellente conception fonctionnelle de même que la valeur des matériaux et de la qualité d’exécution, se manifestant par : sa composition monumentale et symétrique avec des volumes rectilignes, disposés en gradins et alternant saillies et retraits; le contraste entre la masse austère du volume administratif, avec un portique central d’entrée flanqué en saillie de deux pavillons de bureaux, et la transparence des ailes vitrées abritant les installations industrielles; les éléments et proportions d’influence classique du volume du bureau, le portique central d’entrée en saillie à cinq baies et ses hautes colonnes rectilignes, la disposition des fenêtres ainsi que le socle d’une hauteur d’un étage, revêtu de granit; la conception et l’ornementation extérieure de chaufferie et son emplacement à l’écart à l’arrière de l’imprimerie;
l’aménagement équilibré et symétrique des espaces intérieurs ainsi que la progression et l’échelle hiérarchique, depuis l’entrée principale formelle de deux-étages et le hall formel avec son grand escalier jusqu’aux espaces publics du rez-de-chaussée et jusqu’aux espaces privés au centre du bâtiment; la hauteur des plafonds, la disposition et les motifs des fenêtres; la structure en béton armé avec des colonnes en béton et les grands espaces dégagés du troisième étage; le mur-rideau vitré qui fournit le contrôle du chauffage, de ventilation et d’éclairage dans les espaces de production et consistant en une paroi externe en verre et un mur interne en béton revêtu de briques entre lesquels sont disposées les conduites de chauffage et une passerelle d’accès;
les matériaux et l'ornementation extérieure exprimant la double fonction du bâtiment, notamment les dalles en granit gris de Stanstead, posées de façon régulière pour le volume des bureaux, le mur-rideau en verre léger dans la partie industrielle; l’intégration et les détails des parements extérieurs contrastants, l’alternance régulière entre les pleins et les vides du motif des fenêtres le parement de pierre, les murs-rideaux de verre sur les façades latérales et la façade arrière, avec du verre opaque nervuré et du verre lisse transparent dans des minces cadres en aluminium; les solins cannelés en aluminium et des armoiries du Canada au-dessus de l’entrée principale; les éléments du hall d’entrée principale de finition et d’ornementation intérieure de grande qualité, y compris la grille des dalles polies en calcaire de Portland, le plancher décoratif en terrazzo, les plafonds de plâtre et l’éclairage indirect dissimulé; les éléments de finition de type industriel, y compris les briques vernissées et non vernissées, de couleur jaune, les parois des murs intérieurs, les piliers rouge-pompéien, les planchers de terrazzo et de terre cuite de même que les colonnes en béton apparent et la structure du plafond.
La compatibilité du bâtiment avec le caractère mixte, à la fois résidentiel et institutionnel, du quartier qui l’entoure et son statut de point de repère, qui se manifestent par : son exécution de style Beaux-arts qui en fait un objet monumental dans le paysage, disposé symétriquement autour d’un axe central et entouré d’espaces dégagés; son emplacement en retrait par rapport au boulevard Sacré-Cœur et les terrains dégagés entourant le bâtiment, assurant une grande visibilité à la façade et une approche formelle par une allée centrale d’accès qui traverse les aménagements paysagers; Sa masse monumentale, l’ornementation extérieure massive et d’inspiration classique du volume des bureaux et le mur-rideau moderne en verre transparent des ailes industrielles; son emplacement de choix le long du boulevard Sacré-Cœur.
Énoncé de valeur patrimoniale
Avis de non-responsabilité -
L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.
L’immeuble de l’Imprimerie nationale et sa chaufferie ont été construits entre 1949 et 1956 selon les plans de l’éminent architecte canadien Ernest Cormier. Le ministère qui a la garde de ces bâtiments est Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Consulter le Rapport 93-117 du BEEFP.
Raisons de la désignation
L’immeuble de l’Imprimerie nationale et sa chaufferie ont été désignés édifices classés en raison, essentiellement, de la qualité de leur architecture.
L’ensemble a été conçu comme le dernier cri de l’imprimerie à haute vitesse. C’est également une des plus grandes réalisations architecturales de l’ère d’expansion des services fédéraux amorcée après la Deuxième Guerre mondiale. Entre 1949 et 1953, près de 200 nouveaux édifices fédéraux ont été érigés un peu partout au pays.
Une des œuvres les plus novatrices de l’architecte montréalais Ernest Cormier, l’Imprimerie nationale est une réalisation architecturale importante, qui allie les principes de composition Beaux-Arts avec la fonctionnalité du style international. La façade-rideau en verre qui renferme les installations techniques et la plomberie est un élément d’architecture rare et digne d’attention dans l’évolution de l’architecture contemporaine canadienne.
L’Imprimerie nationale est le premier grand projet d’architecture du gouvernement fédéral ayant eu pour but d’intégrer physiquement la ville de Hull dans la région de la capitale nationale. Le Plan Gréber prévoyait en faire un repère visuel à l’extrémité d’un grand boulevard qui aurait relié Hull à Ottawa. Bien que ce boulevard n’ait jamais vu le jour, les installations de l’Imprimerie nationale sont bel et bien une manifestation concrète du projet qui visait à disséminer les édifices fédéraux dans différents noyaux urbains sur tout le territoire de la capitale.
Eléments caractéristiques
La valeur patrimoniale du complexe de l’Imprimerie nationale réside dans sa composition et sa volumétrie, sa conception architecturale, ses matériaux, la qualité de son exécution et ses caractéristiques fonctionnelles.
La composition se distingue par la monumentalité et la symétrie axiale de la conception Beaux-Arts et l’application du principe de l’architecture moderniste voulant que la fonction dicte la forme. Le premier élément qu’on aperçoit dans l’axe central principal est le portique à cinq baies, monumental et en même temps dépourvu de tout ornement, et les derniers, le bâtiment de la chaufferie et son ancien bassin de refroidissement. La façade arrière de la chaufferie reprend la division en cinq baies du portique d’entrée, et ce sont deux élégantes cheminées jumelles couronnées de lanternes décoratives qui viennent fermer l’axe central.
Restaurer la chaufferie et redonner à l’ancien bassin de refroidissement ses murs en granit et son dispositif d’aspersion sont des mesures qui contribueraient à améliorer la composition axiale du parti architectural. Si, un jour, des interventions sont envisagées, il faudra qu’on s’efforce de respecter ces principes constructifs fondamentaux.
Les façades et les volumes mettent en opposition l’opacité du corps antérieur revêtu de granit, qui renferme les bureaux, et la légèreté et la transparence de la section «industrielle », délimitée par la façade-rideau en verre qui enveloppe le restant du bâtiment. Un soubassement en granit d’un étage complet sert d’élément de liaison. La volumétrie en gradins, les fenêtres régulièrement espacées selon un schéma répétitif sévère, les avant-toits et les auvents, qui sont des plaques de béton en porte-à-faux, et les solins en aluminium d’aspect cannelé confèrent au bâtiment une austérité caractéristique de l’architecture classique moderne. Les deux parties distinctes du bâtiment et leurs revêtements respectifs sont des éléments caractéristiques qu’il importe de conserver et de restaurer. Il serait intéressant qu’on envisage la possibilité d’enlever les ajouts qui portent atteinte au caractère de l’ensemble.
L’inspiration classique Beaux-Arts transparaît nettement dans l’ordonnance intérieure. On trouve parallèlement à l’axe central principal trois aires de service longitudinales qui renferment l’escalier, des ascenseurs et des toilettes et qui croisent des corridors placés dans l’axe transversal. Le hall d’accueil sur deux niveaux, sur lequel donnent l’escalier d’honneur divisé en deux volées symétriques et des pièces disposées tout autour, et l’immense espace libre du troisième niveau conçu pour accueillir les machines de production devront demeurer tels quels. Il y a au rez-de-chaussée un autre élément digne d’intérêt, la cafétéria, qu’il faudra conserver et à laquelle on s’efforcera, dans la mesure du possible, de redonner une apparence plus proche de son apparence d’origine. La majeure partie des autres locaux partout ailleurs dans l’immeuble offrent une liberté d’aménagement un peu plus grande, à condition que la hauteur sous plafond, la disposition des fenêtres et la hiérarchie qui s’exprime par les différences de dimension entre espaces clos et espaces ouverts soient respectées.
L’immeuble se distingue par la qualité de ses matériaux et de sa construction. Conçue pour supporter le poids considérable des machines et des réserves de papier, la structure, qui consiste en une trame régulière de colonnes et en planchers et murs extérieurs en béton armé, devra demeurer telle quelle, tout comme l’articulation entre le parement en granit de Stanstead et les fenêtres. On trouve des ouvrages de ferronnerie de couleur argentée partout dans l’immeuble : dans les fenêtres, les solins en tôle profilée, les cloisons intérieures vitrées ainsi que les grillages et les garde-corps décoratifs. Les fenêtres sont dignes d’intérêt; elles sont faites de verre transparent, givré, granité ou strié encastré dans des profilés minces en aluminium. Il faudra faire tous les efforts possibles pour sauvegarder ces matériaux d’origine et obtenir conseil des spécialistes en la matière pour tous les travaux concernant la maçonnerie, la ferronnerie architecturale et les fenêtres.
La qualité d’exécution, les détails et les éléments de finition intérieurs reflètent la distribution hiérarchique et fonctionnelle des espaces dans l’immeuble. L’espace le plus richement décoré est le hall d’accueil, où l’on trouve des murs revêtus de pierre de Portland, des sols en terrazzo décoratif et des plafonds en plâtre où sont encastrés des appareils d’éclairage indirect. Redonner au mur d’entrée à cinq baies ses fenêtres et ses portes en aluminium de teinte argentée aurait pour effet d’améliorer l’apparence tant intérieure qu’extérieure.
Au nombre des éléments de finition de type industriel, mentionnons les murs en briques vernissées et non vernissées, les sols en terre cuite et en terrazzo, les colonnes apparentes en béton et les plafonds à solivage apparent. Il serait souhaitable qu’on enlève la peinture recouvrant les murs de brique et de rétablir l’agencement de couleurs d’origine, soit le jaune des briques vernissées et non vernissées et les touches de rouge pompéien qu’offrent certains éléments, comme les colonnes en béton. Les briques et le terrazzo vont devoir être réparés avec des matériaux de même nature, et, si l’on ajoute des éléments neufs, il faudra choisir des matériaux qui s’harmonisent avec les matériaux d’origine. La plupart des portes et des accessoires de quincaillerie en laiton, dans la partie « industrielle », ont été remplacés par des encadrements et des portes en acier munies de becs-de-cane en acier de teinte argentée. Vu le caractère industriel des lieux, cette décision apparaît acceptable, dans la mesure où l’ensemble des portes et des accessoires de quincaillerie ont une apparence uniforme et reproduisent tous les éléments à valeur patrimoniale, comme les carreaux en losange des portes. Il faudra faire des recherches plus approfondies au sujet des couleurs et des finitions d’origine et tenir compte des résultats dans tout nouveau projet d’intervention.
Le caractère le plus distinctif de l’immeuble est la paroi double, qui consiste en un murrideau extérieur en verre et en aluminium et un mur intérieur en brique creuse percé de fenêtres. L’espace entre les deux murs renferme les installations techniques; cet espace a en outre été conçu pour servir de zone tampon et assurer la régulation des conditions ambiantes dans les salles de production de l’imprimerie. La mise en place de nouveaux équipements techniques dans cet espace est acceptable pourvu qu’elle respecte l’intention d’origine du concepteur et qu’elle ne porte atteinte ni aux matériaux ni à l’apparence historiques.
S’il fallait installer d’autres dispositifs de distribution d’air — et pour éviter aussi de trop remplir l’espace entre la façade-rideau et la paroi intérieure —, on pourrait envisager la possibilité de mettre en place des gaines apparentes et des constructions hors-toit intelligemment situées qui viendraient s’ajouter aux éléments d’architecture des espaces à usage industriel. Les espaces qui renferment des matériaux de finition plus élégants, comme les bureaux, vont devoir faire l’objet d’un examen séparé. Les plafonds suspendus seront, en général, à éviter et ceux qui sont déjà en place devront un jour être remplacés par un type de plafond qui ne masque pas les fenêtres et les revêtements d’origine et qui ne réduit pas la hauteur sous plafond.
L’immeuble, disposé selon un plan d’implantation typique du mouvement Beaux-Arts, est un objet monumental complètement entouré d’espaces ouverts qui s’articule de manière symétrique autour d’un axe central. La vue entièrement dégagée qu’on a sur la façade antérieure et la rigueur formelle des abords de l’immeuble, qu’on atteint en traversant une esplanade sont des caractéristiques importantes qu’il faudra protéger. Avant d’entreprendre des aménagements, il faudra avoir bien compris la symétrie harmonieuse et la monumentalité de l’ensemble.