Édifice commémoratif de l'ouest
Édifice fédéral du patrimoine classé
Ottawa, Ontario
Vue générale
© Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, M. Therrien, 2011.
Adresse :
344, rue Wellington, Ottawa, Ontario
Loi habilitante :
La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation :
1992-06-25
Dates :
-
1954 à 1958
(Construction)
Événement, Personne, Organisation :
-
Allward and Gouinlock
(Architecte)
Ministère gardien
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada
Référence du rapport BEEFP
92-001
Numero RBIF :
08837 00
Description du lieu patrimonial
Situé en plein centre d’Ottawa et occupant la surface entière d’un bloc, l’Édifice commémoratif de l’Ouest qui est relié par une colonnade commémorative à l’Édifice commémoratif de l’Est, est un monumental bâtiment de sept étages en pierre lisse. Le toit en cuivre à faible pente est percé de lucarnes; une haute tour d’angle à toit en pavillon caractérise l’édifice, de même que des piliers élevés et peu profonds entre les fenêtres et des volumes en gradins sur les façades latérales. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.
Valeur patrimoniale
L’Édifice commémoratif de l’Ouest est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.
Valeur historique
La construction des édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest est l’un des signes les plus marquants d’une nouvelle étape dans l’évolution de la ville d’Ottawa à titre de capitale du Canada. Cette construction complétait aussi la transformation de la rue Wellington d’une artère à vocation mixte, résidentielle et commerciale, à petite échelle en une artère à vocation officielle alignant des édifices monumentaux à fonctions gouvernementales. Les édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest représentaient également des éléments importants du plan directeur développé pour la capitale par Jacques Greber, urbaniste et architecte de renommée internationale. Les édifices ont été érigés par le gouvernement fédéral à titre de principal lieu commémoratif des Canadiens tombés au champ de bataille pendant la Seconde Guerre mondiale.
Valeur architecturale
L’un des meilleurs concepts du cabinet d’architectes torontois Allward and Gouinlock, l’Édifice commémoratif de l’Ouest est un excellent exemple de conception classique et moderne intégrant des caractéristiques mises au point dans les années 1930 et 1940. Conçu 10 ans après l’Édifice commémoratif de l’Est et lui faire pendant, l’Édifice de l’Ouest est de facture plus moderne, comme en témoigne le traitement plan des sections centrales et les entrées à échelle réduite, indications d’une évolution vers un fonctionnalisme plus pur. La symétrie axiale de l’emplacement du bâtiment évoque des principes de conception du style Beaux-Arts, également évidents dans la planification intérieure, où les couloirs suivent des axes majeurs et mineurs et sont disposés autour de puits de lumière. L’Édifice est caractérisé par son échelle et son volume monumentaux, sa conception architecturale, les matériaux employés et la haute qualité de l’exécution.
Valeur environnementale
L’Édifice commémoratif de l’Ouest, avec l’Édifice commémoratif de l’Est, affirment le caractère des rues Wellington et Sparks, définissant concrètement l’extrémité ouest du quartier parlementaire dans le centre-ville d’Ottawa. L’éminence des Édifices commémoratifs dans le paysage urbain est manifeste dans leur rapport visuel fort créé par la colonnade qui les relie par-dessus la rue Lyon, le patrimoine bâti des rues Wellington et Sparks et la place ouverte, d’inspiration moderne, à l’ouest. Leur permanence monumentale est bien adaptée à leur fonction commémorative et au caractère de la rue Wellington. Avec la colonnade commémorative qui les relie par-dessus la rue Lyon, les deux Édifices commémoratifs forment un point d’attraction éminent à Ottawa.
Sources :
Joan Mattie, Édifice commémoratif de l’Ouest, Ottawa (Ontario), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche 92-001; Édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest, Ottawa (Ontario), Énoncé de valeur patrimoniale, 94-083.
Éléments caractéristiques
Les éléments qui définissent le caractère de l’Édifice commémoratif de l’Ouest, devraient être respectés.
Sa conception classique et moderne et l’excellence de la construction, des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire : l’échelle monumentale de l’édifice et sa volumétrie en gradins, les structures en acier et en béton armé revêtues de calcaire lisse de l’Indiana avec un plinthe de granit de Stanstead, au Québec, le tout coiffé par une version modernisée et simplifiée des toits de style château, soit un toit de cuivre à liteaux à faible pente avec des lucarnes et une haute tour d’angle à toit en pavillon; les évocations de la conception classique qui se manifestent dans l’articulation subtile de la base, du corps et de l’entablement, dans le chantournage d’inspiration grecque stylisée et dans les éléments classiques et modernes, y compris les volumes en gradins, les détails aplatis, les piliers élevés et peu profonds entre les fenêtres, les sculptures de maçonnerie en bas-relief représentant une iconographie canadienne, le traitement plus plan de la section centrale, avec des fenêtres simples en retrait et une entrée et hall principal à échelle réduite, qui indiquent une évolution vers un fonctionnalisme plus pur; les fenêtres d’acier avec ventilateurs sur pivot horizontal avec des barres de joint de vitrage qui divisent la plupart des fenêtres de l’édifice en 12 petits carreaux et les portes d’entrée en bronze, avec leurs lumières à grillage typiques des années 1950 et leurs panneaux vitrés; l’inspiration classique de style Beaux-Arts qui se manifeste dans l’organisation de l’intérieur du bâtiment avec l’aménagement des espaces le long d’axes majeurs et mineurs, les détails intérieurs et la facture reflétant l’importance hiérarchique des divers espaces et l’emploi de matériaux de qualité comme le revêtement en marbre des planchers et des tarabiscots, le terrazzo, les carreaux de carrière et de linoléum entourés de moulures, les dispositifs d’éclairage du hall d’entrée, la finition de laiton et de porcelaine émaillée des ascenseurs, la quincaillerie de laiton partout dans l’édifice, les boiseries, les portes à placage de bois, et les salles de toilette avec finition de carreaux de céramique ou de verre structural vert menthe, les carreaux unis des planchers et les peintures murales réalisées sur commande.
La façon dont le monumental Édifice commémoratif de l’Ouest rehausse le caractère du quartier parlementaire et marque la limite ouest du centre-ville d’Ottawa.
Énoncé de valeur patrimoniale
Avis de non-responsabilité -
L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.
Les Édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest ont été construits respectivement en 1950-1954 et en 1954-1958. L’Édifice commémoratif de l’Est logeait au départ le ministère des Anciens combattants, tandis que l’Édifice de l’Ouest a accueilli divers ministères, notamment celui de l’Industrie et du Commerce. Travaux publics Canada est le gardien du bâtiment. Voir le rapport 92-01 du BEEFP (il n’y a pas de rapport distinct pour l’Édifice commémoratif de l’Est).
Raisons de la désignation
Les Édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest ont été désignés « édifices classés » en raison de leurs importantes associations historiques, de leur conception architecturale et de leur importance environnementale.
En érigeant ces bâtiments, le gouvernement fédéral voulait en faire le principal lieu commémoratif des Canadiens tombés à la Deuxième Guerre mondiale. Les Édifices représentaient également des éléments importants du plan directeur formulé pour la capitale par Jacques Gréber, architecte et urbaniste de renommée internationale. Leur construction signalait donc le début d’une nouvelle étape de l’évolution d’Ottawa à titre de capitale du Canada. L’arrivée de ces bâtiments achevait également la transformation de la rue Wellington, initialement une artère résidentielle et commerciale mixte à petite échelle devenue finalement le siège de bâtiments monumentaux affectés à des fonctions gouvernementales.
En plus d’occuper une fonction importante dans un ambitieux plan d’urbanisme, les bâtiments représentent une réussite architecturale en soi. Les Édifices, l’un des meilleurs concepts du cabinet d’architectes torontois Allward and Gouinlock, offrent un excellent exemple de conception classico-moderne intégrant des caractéristiques mises au point pendant les années 1930 et 1940. La symétrie axiale de l’emplacement des bâtiments évoque des principes de conception du style Beaux-Arts, également évidents dans la planification intérieure, avec des couloirs suivant des axes majeurs et mineurs disposés autour de puits de lumière. L’Édifice commémoratif de l’Est loge également trois peintures murales commémoratives, oeuvres de trois artistes canadiens de
renom : Charles Comfort, André-Charles Biéler et George Pepper.
Les Édifices commémoratifs apportent une solide contribution au caractère des rues Wellington et Sparks, définissant concrètement l’extrémité ouest du centre-ville. Avec la colonnade reliant les bâtiments par dessus la rue Lyon, ils constituent un point d’attraction éminent à Ottawa. Leur permanence monumentale est bien adaptée à leur fonction commémorative et au caractère de la rue Wellington.
Éléments caractéristiques
La valeur patrimoniale des Édifices commémoratifs de l’Est et de l’Ouest repose sur leur échelle et leur volumétrie, sur leur conception architecturale, sur leurs matériaux et leur facture, ainsi que sur leurs liens avec l’emplacement.
L’impression générale dégagée par les bâtiments est celle de deux structures identiques flanquant la colonnade commémorative qui surplombe la rue Lyon — on relève toutefois des différences subtiles dans les élévations extérieures et dans certains des matériaux et détails de finition. La conception présente des éléments classico-modernes prononcés, notamment des volumes en gradins, des détails en bas-relief, des piliers élevés et peu profonds entre les fenêtres et une impression générale d’austérité. Les références à la conception classique se retrouvent dans l’articulation subtile de la base, du corps et de l’entablement, dans le découpage d’inspiration grecque stylisée et dans l’évocation de métopes et de triglyphes dans la corniche. Le toit de cuivre « à baguette» représente une version simplifiée et modernisée des toits de style château qui avaient la faveur du premier ministre de l’époque, Mackenzie King. Tous ces éléments, qui font de ces édifices de très bons spécimens de la conception classico-moderne, devraient être protégés.
Les Édifices commémoratifs se signalent par la qualité de leurs matériaux et de leur construction. Les structures d’acier et de béton armé sont revêtues de calcaire lisse de l’Indiana, avec une base de granit de Stanstead, au Québec. Les sculptures de maçonnerie en bas-relief qui affichent une iconographie canadienne — peuples autochtones, faune et flore — nécessitent un traitement attentif et doivent être protégés. Les fenêtres d’acier, avec ventilateurs sur pivot horizontal, ont une importance esthétique considérable et constituent un élément essentiel du caractère des bâtiments. Les éléments de bronze ouvragé, comme les portes d’entrée et les grillages géométriques, constituent des éléments décoratifs importants qui ajoutent de l’attrait à un extérieur par ailleurs austère. Il ne faudrait ménager aucun effort pour préserver les matériaux d’origine et consulter les spécialistes pertinents pour tout travail touchant la maçonnerie, les fenêtres, le métal ouvragé architectural et le toit de cuivre.
L’inspiration classique de style Beaux-Arts se manifeste de manière évidente dans l’organisation de l’intérieur de chaque bâtiment, avec des entrées aux quatre coins et des bureaux répartis le long d’axes majeurs et mineurs, ainsi qu’autour de deux puits de lumière. Il faudrait continuer de respecter cette configuration générale. Dans la mesure du possible, il faudrait rétablir les lanterneaux des puits de lumière.
Les finitions, les détails et la facture de l’intérieur sont tributaires de l’importance hiérarchique des divers espaces, avec une richesse qui va en diminuant dans les étages supérieurs et dans les aires moins importantes. Divers types de marbre, souvent installés en agencement symétrique ou aboutés, revêtent les planchers et les lambris des halls d’entrée principaux, des halls d’ascenseur et des couloirs du rez-de-chaussée. Les éléments importants de boiserie comprennent le revêtement des murs des anciens bureaux des ministres et les portes simples à placage de bois un peu partout dans les bâtiments. Les salles de toilettes, avec une finition de carreaux de céramique ou de verre structural vert menthe, des carreaux unis de plancher et des appareils de porcelaine blanche avec accents de chrome, représentent des éléments importants de conception exigeant une protection et une restauration soigneuse. Les revêtements de plancher de terrazzo, de carreaux de carrière et de linoléum avec bordures devraient être conservés. Parmi d’autres éléments notables, mentionnons les appareils d’éclairage du hall d’entrée, la finition de laiton et de porcelaine émaillée des ascenseurs et la quincaillerie de laiton qu’on retrouve partout dans les deux bâtiments. Toutes les finitions intérieures devraient être étudiées et consignées, et les éléments, matériaux et couleurs d’origine devraient être intégrés lors de nouveaux travaux.
Le tissu historique, tant extérieur qu’intérieur, a subi une certaine érosion. La valeur patrimoniale des Édifices serait rehaussée en enlevant des éléments comme le conduit extérieur qui fait toute la hauteur des bâtiments. À l’intérieur, l’installation de plafonds suspendus à carreaux et de postes de contrôle de sécurité, le blocage de portes d’entrée et autres modifications mal adaptées compromettent la valeur patrimoniale et devraient être supprimés ou repensés. D’éventuels projets de remise en état devraient viser à rétablir les volumes initiaux, en faisant appel seulement à des matériaux compatibles, tout en éliminant toutes les modifications mal adaptées.
Les trois peintures murales décrivant les activités d’après-guerre des anciens combattants constituent des éléments commémoratifs importants de l’Édifice commémoratif de l’Est. Ces peintures devraient rester dans l’Édifice, car elles ont été commandées spécialement pour le ministère des Anciens combattants.
L’éminence des Édifices commémoratifs dans le contexte urbain s’exprime dans leur fort lien visuel avec la colonnade de la rue Lyon, le milieu aménagé des rues Wellington et Lyon, et la place moderne et ouverte située à l’ouest. Ces liens devraient être protégés et maintenus, tout comme les vues sur l’ensemble. Tout projet de développement devrait être basé sur une bonne compréhension du fait que ces édifices font partie intégrante d’un ensemble équilibré et symétrique.