Édifice Edmonstone, Allan and Company

Édifice fédéral du patrimoine reconnu

Montréal, Québec
Détail des lettres ''H & A Allan'' au dessus de la porte de la façade donnant sur la rue Marguerite-Youville © Agence Parcs Canada | Parks Canada Agency, S. Desjardins, 2016.
Détail
© Agence Parcs Canada | Parks Canada Agency, S. Desjardins, 2016.
Vue en angle de l'édifice Edmonstone, Allan and Company © Agence Parcs Canada | Parks Canada Agency, S. Desjardins, 2016.Détail des lettres ''H & A Allan'' au dessus de la porte de la façade donnant sur la rue Marguerite-Youville © Agence Parcs Canada | Parks Canada Agency, S. Desjardins, 2016.Vue de la façade principale de l'édifice Edmonstone, Allan and Company © Agence Parcs Canada | Parks Canada Agency, S. Desjardins, 2016.
Adresse : 333, rue de la Commune Ouest, Montréal, Québec

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 2008-07-31
Dates :
  • 1858 à 1859 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • John William Hopkins  (Architecte)
Ministère gardien Vieux-Port de Montréal (Le)
Référence du rapport BEEFP 06-119
Numero RBIF : 55380 00

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L’édifice Edmonstone consiste en une propriété composée de quatre bâtiments contigus. Le bâtiment d’origine a été construit en 1858-1859, afin d’y loger le siège social de la compagnie de transport maritime initialement connue sous le nom de la Edmonstone, Allan & Company. Sous la gestion des différentes compagnies et sociétés qui ont occupé la propriété, plusieurs travaux d’agrandissement ont eu lieu, soit vers 1867, en 1904 et en 1983. Par conséquent, différentes influences architecturales et différents traitements de façade, qui sont révélateurs de l’évolution du site, s’y retrouvent. Le site est situé sur la rue de la Commune, entre la rue Marguerite D’Youville et la ruelle séparant le bâtiment de l’Édifice des Commissaires. En plus d’être doté d’éléments architecturaux qui reflètent les besoins fonctionnels de la compagnie de transport maritime initiale, l’emplacement face au fleuve Saint-Laurent s’est révélé stratégique puisqu’il a prodigué à l’édifice Edmonstone une visibilité à partir du port. Cet emplacement a aussi assuré à la compagnie une certaine prédominance dans le développement du port de Montréal, port qui a eu une influence irréfutable sur la prospérité de la ville de Montréal. Cette dernière est considérée à l’époque comme étant la plaque tournante du transport au pays.

Valeur patrimoniale

L’ensemble de bâtiments composant l’édifice Edmonstone a été désigné édifice « reconnu », en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il représente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe au sein de son milieu.

Valeur historique :
L’édifice Edmonstone, Allan and Company témoigne très bien du thème des transports maritimes, puisqu’il est associé à l’effervescence de la première phase de développement qu’a vécu le port de Montréal au cours des années 1850 et 1880. Cette période a alors connu une forte croissance des communications, du commerce et de l’industrie, grâce notamment à l’essor des réseaux ferroviaires et maritimes. Le bâtiment d’origine (1858-1859) constitue l’une des plus anciennes constructions associées au transport maritime dans le secteur ouest du port. Il a été édifié afin d’abriter le siège social de la compagnie de transport maritime, mise sur pied par sir Hugh Allan et William Edmonstone. Cette compagnie est l’une des plus importantes compagnies de navigation outre-mer au Canada qui exploita de façon continue de nombreux navires pendant près d’un demi-siècle. Bien que la compagnie prît plusieurs appellations corporatives par la suite, la propriété est demeurée directement associée à sir Hugh Allan (1810-1882). Celui-ci, grand homme d’affaires et magnat du commerce maritime, exerça un certain ascendant sur la région de Montréal et s’intéressa également au secteur ferroviaire, ainsi qu’aux divers moyens de communication émergeants. Fondateur du premier syndicat financier ayant pour but la création d’un chemin de fer desservant la rive nord du Saint-Laurent, l’armateur et financier Hugh Allan est également considéré comme un personnage d’importance nationale, notamment en raison de son implication dans le « scandale du Pacifique » qui éclata en 1873.

Valeur architecturale :
L’édifice Edmonstone consiste en un ensemble de structures résultant d’une série d’au moins trois ajouts à la partie la plus ancienne et la plus visible du complexe. Les travaux d’agrandissement ont eu lieu vers 1867 (ajout d’un entrepôt à l'arrière des bureaux administratifs), en 1904 (ajout sur la rue Marguerite-D’Youville) et en 1983 (ajout entre la portion de 1904 et celle datée des environs de 1867).

Conçu par J.W. Hopkins, un architecte comptant de nombreux accomplissements architecturaux à Montréal, la structure d’origine (1859) était le dernier bâtiment réalisé par la célèbre firme Hopkins Lawford and Nelson avant que J.W. Hopkins ne fasse carrière seul (1860-69). Cette commande sut persuader l’homme d’affaires de faire appel à nouveau à J.W. Hopkins pour la réalisation de sa prestigieuse demeure, le Ravenscrag, quelques années plus tard (1861-1864).

Munies d’une maçonnerie de pierre de taille provenant de la région, les façades principales de cette structure de deux étages ont été façonnées selon les principes du style néoclassique à l’Italienne. Ce dernier a été introduit dans le vocabulaire architectural des bâtiments commerciaux, dans le but de véhiculer la vocation principalement administrative du lieu, tout en lui prodiguant une image de marque. Le bâtiment représente un très bon exemple d’édifice public de ce style. Certains éléments architecturaux et fonctionnels indispensables à une compagnie de transport maritime en contexte portuaire, dont la tour-lanterne en guise de belvédère et une horloge publique surplombant l’entrée principale, lui ont assuré une visibilité au sein du port de Montréal. Ils nous rappellent l’importance qu’avait la voie maritime du Saint-Laurent, ainsi que le concept de temporalité pour le succès et le rayonnement de l’entreprise.

Composé de trois étages, l’agrandissement de 1867 est situé à l’extrémité ouest du site. Façade en pierre de taille et élévations secondaires en pierre de moellon, le bâtiment aurait été érigé dans le but de servir à l’entreposage. Sa composition et son ornementation rappellent élégamment le style « palais », soulignant ainsi la vocation publique de l’édifice.

L’agrandissement de 1904 a été conçu par les frères Maxwell. Fondateurs d’une autre firme d’importance considérable à Montréal, les frères Maxwell sont connus pour la réalisation de nombreuses maisons bourgeoises, d’immeubles commerciaux, du musée des Beaux-Arts de Montréal, et au pays, pour la réalisation de gares et d’hôtels du Canadien Pacifique. Directement positionné à l’arrière du bâtiment d’origine (1859), ce bâtiment réitère les caractéristiques du style italien définit par ce dernier, tout en adoptant une facture quelque peu différente dans le traitement des fenêtres. L’utilisation d’une forme rectangulaire plutôt que cintrée et l’ajout d’un jeu de balustrades au second étage lui confèrent des proportions typiques et élégantes.

Inséré entre les adjonctions de 1867 et de 1904, l’ajout de 1983 est de facture contemporaine, sobrement détaillé et positionné en retrait de la rue, face à une cour intérieure. Le dernier agrandissement remplacerait une partie de bâtiment de date de construction inconnue.

Valeur environnementale :
Épousant presque entièrement les configurations de l’îlot urbain défini par les rues du Port, Marguerite-D'Youville, Saint-Pierre et de la Commune, l’édifice Edmonstone a conservé son aspect monumental et son cachet commercial, puisqu’il est situé au même emplacement qu’au moment de sa construction, soit sur la pointe du lot, un lieu facilement visible à partir du Vieux-Port. Partageant des attributs similaires avec les bâtiments environnants au niveau du style, des dimensions, de la fonction, des proportions et des matériaux, le bâtiment contribue au caractère patrimonial du quartier, de même qu’à celui de l’arrondissement du Vieux Port et à celui du Vieux-Montréal. L’Édifice Edmonstone est aussi reconnu comme un élément important de l’arrondissement historique de Montréal au niveau provincial et comme un élément du secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle du Vieux-Port au niveau municipal.

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de l’édifice Edmonstone devant être respectés comprennent:
— Sa belle esthétique, sa bonne conception fonctionnelle et ses matériaux, ainsi que son exécution de bonne qualité, comme en témoignent les éléments suivants:
— La conception traditionnelle de style à l’Italienne de son bâtiment principal d’origine, typique de l’architecture d’édifices publics et commerciaux du 19e siècle, et qui se reflète par :
— La volumétrie massive de deux étages;
— La symétrie de la façade principale, atténuée par la forme irrégulière de son empreinte au sol;
— Les deux murs de pierre de taille marqués de chaînes d’angles et d’éléments servant à souligner et hiérarchiser les ouvertures, tels les clefs de voûte, divers jambages et un bandeau convergent vers le portique central;
— Son fronton central situé à la rencontre des deux murs de la façade principale;
— Son porche constitué de colonnes et de pilastres, surmonté d’un petit toit avec corniches ornées de modillons;
— Le traitement des ouvertures, de proportions similaires, dont les fenêtres encadrées en pierre de taille en plein cintre et en arc segmentaire (dans les parties de 1859 et 1867) ou en forme rectangulaire (dans la partie de 1904);
— Une toiture de style « pavillon », soutenue par de larges corbeaux en saillie et se terminant en mur coupe-feu sur le côté sud, lui donnant ainsi une apparence distinctive;
— Certains éléments architecturaux d’origine à l’intérieur: murs de briques et quelques colonnes de fonte (dans l’agrandissement 1867), deux voûtes dans la partie la plus ancienne;
— Sa capacité d’adaptation à travers le temps, représentée par :
— Le caractère compatible de chaque ajout, illustré notamment par la construction de celui-ci en respectant la même hauteur que l’ajout de 1904 et les proportions des étages de l’ajout de 1817, ainsi que par l’utilisation de la même pierre de taille, de même que par le traitement similaire des ouvertures et de l’ornementation de style italien;
— L’accommodation de fonctions commerciales et industrielles, de façon continue.
— Sa marque gravée dans la pierre, située près de la porte d’entrée de l’édifice, rappelant la hauteur de l’eau lors de la pire inondation survenue dans l’histoire locale, en avril 1886.
Son association au thème des transports maritimes et son rôle de point de repère, comme en témoignent :
— L’intégration d’une horloge au-dessus de l’entrée principale;
— Sa tour-lanterne octogonale en bois, placée sur la toiture à faible pente;
— Son emplacement urbain qui lui a imposé une entrée principale positionnée en angle ainsi que des façades irrégulières qui épousent les limites du site;
— Sa visibilité à partir du port de Montréal.

Pour des conseils au sujet de modifications proposées à ce bâtiment, veuillez consulter les Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada. Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec le BEEFP.

June 2009