Monastère de la Congrégation des Servantes de Jésus-Marie
Édifice fédéral du patrimoine reconnu
Gatineau, Québec
Façade sur la rue Laurier
© C. Boucher, Parcs Canada | Parks Canada, 2018
Adresse :
210, rue Laurier, Gatineau, Québec
Loi habilitante :
La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation :
2019-06-11
Dates :
-
1902 à 1902
(Construction)
Ministère gardien
Commission de la capitale nationale
Référence du rapport BEEFP
17-114
Numero RBIF :
001056
Description du lieu patrimonial
Le monastère de la Congrégation des Servantes de Jésus-Marie (le monastère) se situe sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais dans le secteur de Hull à Gatineau. Le monastère est un ensemble conventuel en brique rouge à trois étages avec un toit plat et un sous-sol. Construit en trois phases entre 1911 et 1950, le monastère, doté d’un plan en forme de « U », comprend quatre ailes — Sacré-Cœur, Saint-Joseph, Sainte-Marie et Saints-Anges — autour d’une cour intérieure.
Valeur patrimoniale
Le monastère est un édifice fédéral du patrimoine « reconnu » en raison de son importance historique, architecturale et environnementale.
Valeur historique
Les Servantes de Jésus-Marie (les Servantes) fut l’unique communauté religieuse de femmes fondée dans la région de l’Outaouais. Leur monastère à Gatineau témoigne de l’implantation et de la croissance de nombreux ordres religieux féminins au Canada au XXe siècle, notamment les ordres plus rares, comme celui des Servantes, voués à la contemplation et l’adoration du Saint Sacrement (l’adoration de l’hostie consacrée). Le monastère à Gatineau était la maison-mère de cet ordre cloitré qui recevait les novices pour les guider dans leur trajet spirituel vers les vœux perpétuels, en plus d’accommoder diverses fonctions comme des services d’imprimerie, de reliure et de cordonnerie. De plus, les Servantes contribuaient à l’économie locale et à la vie spirituelle en fabriquant les hosties pour les églises et les écoles et en offrant des services paroissiaux. Le monastère et ses additions de 1926 et 1950 illustrent la croissance de l’ordre en lien avec le développement du « Village d’en bas » de Hull au fil de la première moitié du XXe siècle. De plus, ce monastère demeure, au moment de sa désignation, le seul bâtiment qui a conservé sa vocation de monastère des Servantes de Jésus-Marie parmi les sept monastères fondés par la congrégation au fil des ans.
Valeur architecturale
Le monastère est un bon exemple de l’architecture conventuelle de l’époque, laquelle fut inspirée par l’éclectisme du début du XXe siècle, l’esprit de l’École des Beaux-Arts, le rationalisme et la modernité. La division des espaces trace le trajet spirituel évoquant la vocation contemplative de la congrégation religieuse. Son plan en forme de « U », les lieux et les accessoires rappellent la répartition entre les espaces publics et cloitrés. Il présente un caractère formelet sobre à l’extérieure tandis que l’intérieur est conçu à l’échelle humaine avec une ornementation modeste. Sa conception fonctionnelle fait preuve d’une approche rationnelle qui répond à un programme fonctionnel élaboré permettant l’autosuffisance de l’ordre ainsi que de ses diverses fonctions communautaires, vocationnelles, spirituelles et d’hébergement. Ses matériaux sont humbles, robustes et bien choisis avec des matériaux plus nobles dans les espaces à grande importance spirituelle notamment dans la chapelle. De ses trois concepteurs les plus connus sont ceux de l’aile Sainte-Marie et la chapelle : la firme de Viau et Venne, renommée pour sa contribution à l’architecture religieuse du Québec.
Valeur environnementale
Situé à proximité de la rivière des Outaouais et voisinant le parc Jacques-Cartier, le monastère est un ancrage dans un quartier profondément marqué par la période de désindustrialisation et d’institutionnalisation. Le monastère possède des proportions et une facture harmonieuse avec son entourage. Il marque une transition entre le quartier urbain hétérogène et le côté riverain. La relation entre le bâtiment et son aménagement paysager se décrit comme un espace institutionnel cloisonné, aménagé d’une part pour les visiteurs et d’autre part pour les besoins privés de l’ordre tel que le cloitre. Dans le voisinage de Hull comme dans l’Outaouais, la longévité sur plus de 100 ans des Servantes et de leur monastère témoignent de la richesse culturelle de leur patrimoine vivant.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du monastère qui devraient être respectés incluent :
• les éléments de l’extérieur qui reflètent la pratique architecturale des institutions religieuses comme sa composition formelle, ses proportions imposantes, ses formes épurées et son toit plat caché par les parapets;
• le traitement franc, solide et rationnel des façades exprimées dans l’ornementation modeste, la brique rouge avec un mortier rougeâtre et la régularité de la fenestration, composée de fenêtres de grandes dimensions de formes cintrées et rectangulaires;
• son plan en forme de « U » et sa composition qui comporte quatre ailes et témoignent de l’évolution historique de la congrégation.
Les lieux rappelant la vocation contemplative de la congrégation religieuse :
• la chapelle;
• les lieux de prière, les grandes orgues, les quartiers séparés du prêtre et la sacristie;
• les espaces reflétant le trajet spirituel : le noviciat, les salles de formation, les dortoirs, le réfectoire, la sacristie et la crypte.
Les éléments dans le traitement de l’intérieur qui constituent un ensemble et soutiennent l’esprit du monastère :
• les éléments qui contribuent à la qualité de la lumière naturelle, y compris les portes avec les vasistas;
• la répétition des cellules, le mobilier encastré et les boiseries.
Les lieux, accessoires et éléments paysagers rappelant la démarcation entre les espaces publics et cloitrés :
• le parloir et les grilles, le tour, les salles de rencontre, les salles communes;
• la séparation subtile entre les secteurs et les ailes;
• la cour intérieure avec les jardins et les balcons;
• les trois entrées distinctes, soit celle réservée aux sœurs, au public et aux prêtres.