Complexe St. Helen's : St. Helen's

Édifice fédéral du patrimoine classé

Kingston, Ontario
Vue générale de la façade du bâtiment, 1980. (© Parks Canada | Parcs Canada, 1980.)
Vue de la façade
(© Parks Canada | Parcs Canada, 1980.)
Adresse : 440, rue King Ouest, Complexe St. Helens- RHQ, Kingston, Ontario

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1988-09-06
Dates :
  • 1837 à 1838 (Construction)
  • 1855 à 1855 (Significative)
  • 1910 à 1910 (Significative)

Événement, Personne, Organisation :
  • Thomas Kirkpatrick  (Personne)
  • Correctional Service of Canada  (Organisation)
  • William Coverdale  (Constructeur)
  • William Newlands & Sons  (Constructeur)
Autre nom(s):
  • Résidence St. Helen's / bâtiment principal  (Nom de la désignation)
  •   (Autre nom)
Ministère gardien Service correctionnel du Canada
Référence du rapport BEEFP 87-113
Numero RBIF : 09478 00

Description du lieu patrimonial

St. Helen’s, aussi connue sous le nom de bâtiment 1 ou de bâtiment principal, est une villa du milieu du XIXe siècle située sur des terrains paysagers du complexe St. Helen’s, à Kingston, en Ontario. Cette grande résidence de deux étages est en stucco incrusté de pierres sur une assise de pierre de taille. Conçue dans le style Regency pittoresque, la résidence est dotée de cheminées massives, d’avant-toits en porte-à-faux et d’une fenestration diverse à espacement régulier. St. Helen’s possède une entrée avant central dominée par une porte-cochère, et une aile de plain-pied du côté est. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

St. Helen’s est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de ses associations historiques, et de ses valeurs architecturales et environnementales.

Valeur historique
St. Helen’s, qui fait partie du complexe St. Helen’s, est fortement associée au mouvement de la classe supérieure du début du XIXe siècle qui a délaissé la vie urbaine au profit de la vie de banlieue, typique de l’époque Regency (1790 1840). C’est l’une des premières résidences permanentes construites en périphérie ouest de Kingston qui marquent l’expansion de l’économie locale et l’aménagement de réseaux de transport. St. Helen’s est également fortement associée à la vie militaire et a pris une importance nouvelle dans l’effort déployé pour apporter une aide médicale aux soldats de retour du combat pendant la Première Guerre mondiale. Les bâtiments en place ont été convertis en hôpital car de nombreux citoyens ont offert leur maison aux soldats en convalescence dans une vague de patriotisme qui a balayé alors le Canada. Le complexe est étroitement lié à des personnes d’importance nationale du début de l’histoire du Haut-Canada et de Kingston, entre autres Thomas Kirkpatrick, James Morton et Sir George Airey Kirkpatrick.

Valeur architecturale
La valeur de St. Helen’s réside dans son excellente conception esthétique; cette résidence est l’un des plus beaux exemples de l’architecture de style Regency pittoresque au Canada, en raison de son revêtement en stucco, des grosses cheminées centrales et de la taille contrastante des fenêtres. Le plan du bâtiment témoigne des tendances des plans résidentiels de l’époque, entre autres la symétrie du bâtiment et le lien entre les aires publiques et les aires privées. La construction et le souci du détail marquent l’excellence du travail des artisans et le choix des matériaux.

Valeur environnementale
Située sur les rives du lac Ontario, St. Helen’s conserve son lien historique avec son paysage et la relation en opposition entre le côté bucolique du lac et l’avant fonctionnel axé sur les affaires. Il renforce le caractère pittoresque de l’emplacement de la villa et la maison constitue un point de repère familier dans la région.

Sources : Martha Phemister, St. Helen’s, Kingston, Ontario, rapport 87-113 du Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine; St. Helen’s Complex, rue 440/462 King Ouest, Kingston, Ontario, Énoncé de valeur patrimoniale 88-113.

Éléments caractéristiques

Les éléments caractéristiques de St. Helen’s doivent être respectés.

Son excellente conception esthétique et sa très bonne conception fonctionnelle, ainsi que l’excellente qualité de l’exécution et des matériaux, c’est-à-dire: la volumétrie de la maison centrale à deux étages et la façade à deux baies, avec une alcôve entre les deux; l’aile de plain-pied avec un toit à quatre versants et une cheminée centrale, qui se rattache au bâtiment principal par une section au toit à deux versants; sa construction en briques, recouverte à l’extérieur d’une couche de stucco incrusté de pierres, sur une assise de pierre de taille; l’entrée centrale à ouverture semi-elliptique dotée d’une imposte au sommet, de fenêtres latérales et d’une porte double; ses oriels, ses fenêtres à battants et à carreaux multiples régulièrement espacés; les éléments qui rappellent le style architectural Regency dont les larges avant-toits à porte-à-faux, les cheminées massives et la taille contrastante des fenêtres; ses formes extérieures, entre autres le prolongement semi-circulaire au toit de type auvent sur la façade ouest, le portique à balustrade de deux étages à la façade arrière, et les deux baies porteuses entourant une alcôve avec une porte-cochère sur la façade principale; la boiserie vert foncé des volets, les pointes des pignons triangulaires et la porte-cochère qui renforcent le style pittoresque et se détachent en contraste frappant avec le stucco de couleur crème; le plan du hall central à l’intérieur qui dénote clairement les idéaux sociaux et les plans résidentiels de la période Regency.

La façon dont St. Helen’s conserve un lien historique avec son paysage, renforce le décor pittoresque de la villa et en fait un point de repère familier dans la région, comme en témoignent : son emplacement imposant sur une colline surplombant le lac Ontario; sa conception, ses proportions et sa volumétrie qui s’harmonisent avec les jardins paysagers pittoresques et les autres bâtiments avoisinants du complexe; sa situation au sein du complexe St. Helen’s, dont l’usage actuel par le Service correctionnel du Canada contribue à sa visibilité dans la région et dont les terrains attirent les visiteurs.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L'ensemble St. Helen's se compose de quatre édifices (résidence St. Helen's, Stone Gables, pavillon de la Croix-Rouge et maison Grant) et de leurs aménagements extérieurs. Le domaine, qui a servi d'hôpital militaire pendant la Première Guerre mondiale, a été créé dans les années 1830; il comprenait alors une villa construite dans la tradition pittoresque et la brasserie dont les bâtiments sont situés tout à côté. Le ministère de la Milice et de la Défense a pris possession du domaine en 1918, par voie d'expropriation. D'autres bâtiments ont été érigés sur la propriété pendant et après la Deuxième Guerre mondiale pour servir à la Défense nationale. L'ensemble des édifices ont été cédés au Service correctionnel du Canada (SCC) en 1968 et sont aujourd'hui occupés par le personnel de l'Administration régionale. C'est le Service correctionnel du Canada qui a la garde de la propriété. Voir les Rapports de bâtiment nos 83-83 et 87-113 du BEEFP.

Raisons de la désignation

L'ensemble St. Helen's a été désigné propriété "classée" parce qu'il rappelle des faits importants de notre histoire, mais aussi en raison de la qualité de sa conception architecturale et de son exécution, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, et de celle du milieu environnant. À l'origine, la propriété était formée de deux éléments principaux : une grande demeure et un établissement industriel. Ces deux éléments font aujourd'hui partie intégrante des bureaux du SCC, mais, grâce à certains indices, on devine encore leur destination antérieure.

La propriété est un excellent exemple de la suburbanisation qui a eu lieu au début du XIXe siècle, c'est-à-dire du débordement des quartiers résidentiels vers les campagnes; elle est aussi l'expression de cette conception raffinée de la vie qui caractérise la période Regency. Les traits particuliers à cette époque se retrouvent tous dans la composition pittoresque de la résidence St. Helen's, du pavillon de la Croix-Rouge et des parterres.

On associe la propriété aux noms de Themes Kirkpatrick et de James Morton, deux grandes figures de l'histoire ancienne de Kingston et du Bas-Canada.

La maison Grant (édifice no 10) représente le passé industriel de la propriété, et ses rapports avec les bâtiments en maçonnerie de la brasserie qui s'élèvent sur le terrain municipal attenant et avec les autres édifices de l'ensemble St. Helen's sont encore très nets du point de vue tant architectural que fonctionnel.

Le BEEFP considère également les aménagements extérieurs et le décor comme de beaux exemples de la période «jardinesque»; en effet, malgré une certaine évolution, ces aménagements ont conservé une multitude de détails répondant aux mêmes règles de conception que celles que dénote l'architecture des deux grandes demeures primitives.

Éléments caractéristiques

L'ensemble architectural
Le caractère patrimonial de l'ensemble St. Helen's réside principalement dans la résidence St. Helen's, les parterres qui l'entourent et les rapports qui unissent chacune des composantes de l'ensemble entre elles. Le pavillon de la Croix-Rouge et la maison Grant (édifices nos 3 et 10), ainsi que la clôture en fer et en pierre qui forme la limite nord de la propriété, ont aussi une part importante dans le caractère de cette dernière en raison de leur conception esthétique et des rapports fonctionnels réciproques par lesquels ils sont liés depuis toujours. Stone Gables, de construction plus récente, a été conçue et orientée de manière à ne pas porter atteinte au caractère de la propriété. D'autres ajouts encore plus récents, constructions et parcs de stationnement, sont, par contre, mal situés et détonnent carrément dans l'ensemble. Il serait souhaitable qu'on étudie la possibilité de les enlever ou de les déplacer.

Les premiers aménagements extérieurs étaient de beaux spécimens de la période «jardinesque», dont il reste aujourd'hui très peu d'exemples au Canada. Il serait intéressant qu'on entreprenne une étude sur les éléments d'architecture paysagère qui ont subsisté afin de déterminer quels points de vue et quels rapports revêtaient de l'importance pour la composition et de repérer les éléments et agencements primitifs qui existent encore de nos jours. Une telle étude serait utile pour établir de nouveaux plans d'aménagement, par exemple, décider l'emplacement des parcs de stationnement, des nouvelles constructions et d'autres infrastructures, et pour faire en sorte que les aménagements obtenus respectent le caractère «jardinesque» du parc actuel, conçu dans le goût Regency, et complètent agréablement l'architecture des bâtiments.

La résidence St. Helen's
Cette grande demeure a été désignée édifice classé. Le caractère patrimonial de la résidence St. Helen's tient au renom qu'elle a acquis comme spécimen parmi les plus remarquables de l'architecture pittoresque de la période Regency au Canada. Malgré quelques transformations, l'extérieur de l'édifice possède encore toutes les qualités visuelles particulières au style. Les rapports intentionnellement créés entre l'édifice et les parterres qui l'entourent sont encore très facilement perceptibles.

Le BEEFP estime que les premières transformations et les premiers ajouts qui ont été faits sont d'une qualité supérieure et ont été réalisés dans le même esprit que la composition primitive; il faut donc les conserver. Cependant, l'aile ajoutée plus tard du côté sud, et qui abrite des bureaux, ne va pas du tout avec le reste, ni par sa forme, ni par sa masse, ni par les matériaux mis en oeuvre, ni par la qualité de sa construction. Vu l'importance de la résidence St. Helen's en tant qu'oeuvre architecturale, il faudra songer sérieusement à enlever l'aile des bureaux lorsque de grands travaux de réfection seront envisagés.

La disposition intérieure de l'édifice est un exemple classique des plans d'habitation de la période Regency. La symétrie des parties, l'existence simultanée de pièces privées et d'espaces publics et la relation qui existe entre les pièces de séjour et les aires de service sont des particularités voulues et facilement distinguables. Le choix de l'emplacement est également classique. L'édifice est situé sur une élévation de terrain et placé de manière que la partie de derrière, où se trouvent les pièces privées, profite de la plus belle vue et de l'exposition au sud.

Malgré les légères transformations et subdivisions faites à l'intérieur de l'édifice et malgré aussi la modification de certains détails, l'intérieur laisse encore transparaître clairement les idéaux de l'époque en matière de planification sociale et de plans d'habitation.

Étant donné la valeur exceptionnelle de cet édifice et son intégrité quasi-parfaite, il importe que celui-ci soit traité, dans l'avenir, avec le plus grand soin.

Le pavillon de la Croix-Rouge (édifice no 3)
Le pavillon de la Croix-Rouge a été désigné édifice reconnu. Son caractère patrimonial tient aux rapports fonctionnels, historiques et architecturaux étroits qui existent entre lui et la résidence St. Helen's. C'est la dernière dépendance encore debout de toutes celles qui faisaient autrefois partie du domaine Kirkpatrick. Les murs ornés de pilastres, les revêtements de stucco, les fenêtres à plein cintre et le toit en croupe offrent la même sobriété classique que l'édifice principal.


Tout comme la résidence St. Helen's, le pavillon de la Croix-Rouge a subi des modifications et été agrandi. Les annexes les plus anciennes, en particulier celle qui a
été dessinée par Newlands et qui a été construite en 1918, ont été exécutées avec beaucoup d'intelligence. Les deux ailes plus récentes, à l'est et à l'ouest, ont été construites avec des matériaux qui ne s'accordent pas du tout avec ceux du corps de logis; la qualité de la construction et le fenêtrage sont eux aussi totalement différents. L'enlèvement de ces deux annexes améliorerait certainement le coup d'oeil. L'intérieur de l'édifice a été transformé presque de fond en comble. Il faudra résister à la tentation de procéder à sa «restauration» tant qu'on ne saura pas à quoi ressemblait exactement l'intérieur à l'origine. Si l'on envisage d'entreprendre des travaux de réhabilitation, il faudra plutôt choisir un aménagement contemporain qui s'accordera avec le caractère des lieux. Il serait important aussi qu'on fasse ressortir la démarcation qui existait autrefois entre les élégants parterres de la résidence St. Helen's et le fonds de terre plus fonctionnel du pavillon.

La maison Grant (édifice no 10)
La maison Grant a été désignée édifice reconnu parce qu'elle a à voir avec la création des premiers établissements industriels du Haut-Canada, en particulier avec celle de la brasserie Morton. C'est aussi un très bon exemple de l'architecture néo-classique vernaculaire. Bien qu'elle fasse historiquement et fonctionnellement partie de l'ensemble architectural St. Helen's, la maison aurait également, d'après ce que le BEEFP a pu constater, des liens très nets, tant visuels qu'architecturaux, avec le groupe de bâtiments du terrain municipal voisin, qui formaient autrefois la brasserie Morton. Si l'on procède un jour à de nouveaux aménagements, il faudra tenir compte de ces affinités.

Bien que de nombreuses rénovations et de nombreux ajouts aient été faits à l'intérieur, le bâtiment est demeuré pour ainsi dire intact parce que l'agencement et une foule de détails primitifs ont simplement été camouflés par les nouveaux aménagements. Lorsqu'on entreprendra d'autres travaux, il faudra prendre les moyens nécessaires pour continuer de protéger ces éléments caractéristiques.

Un porche fermé qui s'accorde mal avec l'ensemble masque l'imposte et les fenêtres latérales de l'entrée principale. On améliorerait le coup d'oeil en le faisant disparaître. L'annexe à ossature de bois et à deux niveaux construite pendant la Deuxième Guerre mondiale choque moins la vue que les ajouts qui ont été faits aux autres édifices de la propriété. Néanmoins, l'enlèvement de cette annexe et du grand terrain de stationnement qui s'étend sur le devant de l'édifice ne pourrait qu'améliorer l'apparence des lieux. En reconstituant le jardin qui se trouvait du côté nord, on recréerait un décor autour de l'édifice.

Stone Gables
Stone Gables a été désigné édifice reconnu. Le caractère patrimonial des lieux réside dans l'architecture néo-Tudor de l'édifice, à laquelle il ne manque aucun détail, et dans le milieu environnant.

Les aménagements intérieurs, les matériaux choisis et le travail des panneaux, des ouvrages de menuiserie et des vitrages sont d'une qualité supérieure et s'harmonisent parfaitement avec le style de l'édifice. Ces éléments devront être protégés, du moins en ce qui concerne le rez-de-chaussée et l'escalier principal. Les étages supérieurs n'offrent pas la même qualité. Les travaux qu'on pourrait envisager d'y faire devront cependant respecter le caractère résidentiel de l'édifice.

Stone Gables a été intégré avec art dans le décor XIXe siècle du boisé Morton. Des travaux d'architecture paysagère qui protégeraient l'unité visuelle des terrains qui s'étendent au nord entre la résidence St. Helen's et Stone Gables seraient appropriés. Il ne saurait être question de morceler ce fonds de terre. Les vestiges des parterres qui s'étendent du côté sud sont demeurés intacts en majeure partie; toutefois, les rapports par lesquels ces parterres étaient liés au lac n'existent plus. On pourrait envisager de faire certains aménagements de modeste envergure dans cette partie du domaine, à condition qu'il soit impossible de les apercevoir de la résidence St. Helen's.