Atelier d'usinage
Édifice fédéral du patrimoine reconnu
Montréal, Québec
Vue en angle
(© Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency, 1990.)
Adresse :
Canal-de-Lachine, Montréal, Québec
Loi habilitante :
La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation :
1993-01-21
Dates :
-
1909 à 1909
(Construction)
Événement, Personne, Organisation :
-
Ministère des chemins de fer et des canaux
(Architecte)
Ministère gardien
Parcs Canada
Référence du rapport BEEFP
90-019
Numero RBIF :
06959 00
Description du lieu patrimonial
L’atelier d’usinage, aussi connu sous le nom du bâtiment 2, est situé dans le lieu historique national du Canada du Canal-de-Lachine. Il est un immeuble en béton armé revêtu de crépi, d’inspiration classique. Il compte un étage coiffé d’un toit à pignon et est pourvu à l’arrière, sur le mur nord, d’une petite annexe en appentis. Les façades est et ouest sont divisées en cinq baies séparées par des pilastres coniques en béton lisse; chaque baie est percée d’une grande fenêtre. L’atelier d’usinage compte parmi plusieurs ateliers situés sur la rue Mill, dans un quartier industriel de Montréal au sud et à l’extrémité la plus à l’est du canal Lachine. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.
Valeur patrimoniale
L’atelier d’usinage est un édifice fédéral du patrimoine reconnu en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe au sein de son milieu.
Valeur historique
L’atelier d’usinage est associé au thème national de l’aménagement et de l’entretien des voies navigables qui font partie du réseau national de canaux du Canada. En plus d’avoir stimulé le développement économique du Canada, tant sur le plan industriel que commercial, le canal Lachine a amélioré la navigation sur les voies d’eau intérieures du pays et a contribué au soutien du système national de défense. Les ateliers du canal Lachine incluent l’atelier d’usinage, qui servait d’entrepôt de matériel, ainsi que des ateliers de réparation. Ces bâtiments ont joué un rôle clé dans l’entretien régulier et la réparation du canal. L’atelier d’usinage est aussi associé à l’expansion rapide de la ville de Montréal et à l’urbanisation des rives du canal, pendant la deuxième moitié du XIXe siècle, lorsque le canal Lachine faisait office d’artère industrielle importante.
Valeur architecturale
L’atelier d’usinage est un bon exemple d’une structure utilitaire, d’inspiration classique, comme l’expriment ses façades extérieures. Le bâtiment illustre aussi très bien le plan ouvert typique d’une usine axiale, soit des espaces de travail de hauteur double, bien éclairés, situés de part et d’autre d’un couloir central. L’atelier d’usinage se distingue par l’emploi de techniques et de matériaux de construction nouveaux, notamment une structure en acier autoportante érigée sur une fondation en béton et revêtue de béton coulé sur place. L’atelier d’usinage compte parmi les plus vieux bâtiments industriels en béton du Québec.
Valeur environnementale
L’atelier d’usinage rehausse le caractère utilitaire de ce secteur industriel en bordure du canal Lachine, où l’on trouve plusieurs autres ateliers semblables datant de la même époque. Le bâtiment est bien connu dans le quartier.
Sources : Gilles Proulx, Jean Belisle en collaboration avec Christine Chartre, Les ateliers du canal Lachine. Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine rapport de recherche 90-018 to 90-023; Atelier d’usinage, bâtiment 2, lieu historique national du Canal-Lachine, Montréal (Québec). Énoncé de valeur patrimoniale 90-019.
Éléments caractéristiques
Les éléments suivants, qui définissent le caractère de l’atelier d’usinage, devraient être respectés.
Son esthétique utilitaire, d’inspiration classique, son plan fonctionnel et la qualité des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire : les proportions d’inspiration classique du bâtiment et le traitement des façades extérieures, soit l’emploi de pilastres pour diviser les murs extérieurs en cinq baies égales chacune percée d’une grande fenêtre à guillotine, le fini en crépi lisse des murs extérieurs et le traitement rustiqué de la fondation; l’ossature en acier autoportante du bâtiment, revêtue de béton coulé sur place comme en témoignent les pilastres extérieurs; le plan typique, ouvert, d’une usine axiale, avec un couloir central et des mezzanines; les espaces de travail ouverts, de hauteur double, bien éclairés, disposés de part et d’autre du couloir central; l’emploi de matériaux durables, comme l’acier et le béton.
La façon dont l’atelier d’usinage rehausse le caractère utilitaire de cette zone industrielle, c’est-à-dire : les matériaux employés et l’échelle du bâtiment, qui s’intègrent avec les autres ateliers datant de la même époque qui se trouvent sur la rue Mill; son emplacement dans un secteur industriel en bordure du canal Lachine.
Énoncé de valeur patrimoniale
Avis de non-responsabilité -
L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.
L'atelier d'usinage semble avoir été construit en 1909 selon les plans préparés par un ingénieur du ministère des Chemins de fer et des Canaux. Une annexe a été ajoutée en 1955. Conçu à des fins utilitaires, le bâtiment sert présentement d'atelier et d'entrepôt pour le matériel d'entretien des propriétés de Parcs Canada des parcs du district de Montréal. Environnement Canada est le ministère gardien. Voir le rapport 90-19 du BEEFP.
Raisons de la désignation
L'atelier a été désigné "reconnu" pour ses valeurs architecturales et environnementales.
L'atelier évoque la période d'urbanisation sur les rives du canal Lachine et témoigne de l'importance de ce dernier dans le développement économique canadien.
L'intérêt architectural du bâtiment réside dans l'utilisation de nouvelles méthodes de construction et de nouveaux matériaux. Étant un des plus anciens édifices industriels entièrement en béton au Québec, l'atelier devient un témoin précieux des premiers essais de ce matériau. Conçu par des ingénieurs pour répondre à des besoins fonctionnels, l'atelier présente néanmoins une architecture attrayante et une qualité esthétique surprenante pour un bâtiment de cette nature.
L'atelier d'usinage et les bâtiments adjacents forment un ensemble cohérent qui s'apparente à un paysage culturel et mérite qui d'être préservé.
Éléments caractéristiques
La valeur patrimoniale de l'atelier d'usinage réside dans le type de construction, les matériaux, la volumétrie ainsi que dans l'ordonnance régulière et symétrique des ouvertu res.
Plusieurs composantes de l'enveloppe du bâtiment démontrent un souci du détail; l'empattement est exprimé à l'aide de faux blocs de pierre de taille tracés sur le béton, l'ossature des murs est souligné par l'ajout de contreforts en béton et les pignons sont recouverts de bardeaux. Toutes ces caractéristiques méritent d'être conservées et mises en valeur.
La volumétrie de l'atelier est simple et ordonnée. Les longs pans sont divisés en cinq sections séparées les unes des autres par des pilastres. Chaque section est percée par une grande fenêtre ou une porte. La répartition équilibrée des ouvertures sur les deux façades doit être respectée. Il serait souhaitable de rétablir la composition du
mur-pignon sud en réintroduisant les deux fenêtres qui flanquaient jadis la porte centrale.
À l'intérieur, l'atelier adapte la forme du plan d'une usine axiale avec des finis très sobres. L'espace libre qui en résulte facilite le déplacement d'objets lourds et volumineux. Il n'y a aucune division sauf un petit espace-bureau. Afin de respecter la fonction d'origine de ce bâtiment, il ne faudrait pas fragmenter le volume actuel.
L'annexe en béton, adossée au mur-pignon nord vers 1955, a modifié la conception fonctionnelle du bâtiment en ne prolongeant pas le plan axial. Cette construction ne contribue pas vraiment à la qualité esthétique de l'atelier. Ceci dit, elle ne mérite pas nécessairement d'être démolie. Sa conservation peut être justifiée par les besoins fonctionnels de Parcs Canada. Si on opte pour son maintien, les ouvertures murées devraient être remplacées par une fenêtre ou une porte. Ces choix devraient être confirmés par une recherche historique.
Il est recommandé de mettre l'accent sur l'entretien préventif du bâtiment afin de préserver toutes ses composantes historiques. On doit donner la priorité à la réparation de la structure d'acier et de béton, et à la réfection du crépi qui s'en détache. Les fenêtres à guillotine sont des éléments importants et méritent d'être restaurées. Si la toiture doit être remplacée, il serait indiqué de la refaire en tôle comme à l'origine. Il serait sage de faire un inventaire de la quincaillerie intérieure et extérieure.
Le site où se trouve l'atelier affiche encore aujourd'hui un caractère industriel, en dépit de changements dont le plus important est le passage de l'autoroute Bonaventure à proximité. Il est important de ne pas chercher à modifier cet environnement. L'aspect fonctionnel du site doit continuer à ressortir afin de mettre en valeur la fonction d'origine du bâtiment.