Chapelle commémorative

Édifice fédéral du patrimoine classé

Grand-Pré, Nouvelle-Écosse
Vue latérale de la Chapelle commémorative, montrant le clocher qui se dresse sur le toit immédiatement derrière l’entrée principale et le toit à pente raide, couvert de cuivre et présentant des égouts retroussés, 1991. (© Canadian Parks Service, Atlantic Regional Office/ Service canadien des parcs, Bureau régional de l'Atlantique, 1991.)
Vue latérale
(© Canadian Parks Service, Atlantic Regional Office/ Service canadien des parcs, Bureau régional de l'Atlantique, 1991.)
Adresse : Lieu historique national du Canada de Grand-Pré, Grand-Pré, Nouvelle-Écosse

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1992-05-14
Dates :
  • 1922 à 1922 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • René-Arthur Fréchet  (Architecte)
Autre nom(s):
  • Chapelle commémorative  (Autre nom)
Ministère gardien Parcs Canada
Référence du rapport BEEFP 91-168
Numero RBIF : 02750 00

Description du lieu patrimonial

Structure dominante du lieu historique national du Canada de Grand-Pré, l'Église commémorative de Grand-Pré est un simple édifice en pierres à plan rectangulaire coiffé d’un toit en pente raide. Il est pourvu d’un simple pignon à l’avant, et situé dans la fenêtre ronde au-dessus et à l’avant des grandes portes à deux vantaux est un grand vitrail illustrant l’expulsion des Acadiens. L’intérieur de l'Église commémorative est illuminé par des petites fenêtres cintrées percées dans les murs de côté. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

L'Église commémorative de Grand-Pré a été désignée édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’elle présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’elle occupe au sein de son milieu.

Valeur historique
L'Église commémorative de Grand-Pré est un très bel exemple d’une structure construite pour présenter et commémorer la déportation des Acadiens telle qu’elle est évoquée dans le poème intitulé « Évangéline » de Henry Wordsworth Longfellow. Il est communément admis que les Acadiens ont été regroupés à Grand-Pré avant d’être déportés. L’endroit est aussi associé à l’historien John Frederic Herbin, fondateur du mouvement de préservation-restauration et de commémoration des Acadiens et de Longfellow de Grand-Pré, qui visait l’achat de l’emplacement actuel et sa mise en valeur comme monument au souvenir des Acadiens.

Valeur architecturale
L'Église commémorative est un très bel exemple du style québécois traditionnel. Sa valeur découle de son inspiration de l’époque du Régime français du XVIIIe siècle et de son architecture inspirée du style vernaculaire français telle qu’elle se manifeste dans les égouts retroussés. La qualité des matériaux et de l’exécution ajoute aussi à la valeur de l’édifice.

Valeur environnementale
L'Église commémorative domine le lieu historique national du Canada de Grand-Pré et affirme le caractère historique de l’endroit. Elle est un symbole et un repère familier pour les gens de l’endroit et les touristes.

Sources : Shannon Rickets, Lieu historique national du Canada de Grand-Pré, Grand-Pré (Nouvelle-Écosse), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine rapport de recherche 91-168; Église commémorative, Grand-Pré, lieu historique national, Grand-Pré (Nouvelle-Écosse), Énoncé de la valeur patrimoniale 91-168.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère de l'Église commémorative devraient être respectés.

Sa conception évocatrice des premiers établissements ainsi que la qualité des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire : le plan rectangulaire simple; le clocher qui se dresse sur le toit immédiatement derrière l’entrée principale et le toit à pente raide, couvert de cuivre et présentant des égouts retroussés; les deux cheminées en pierres des champs non taillées qui se trouvent vers l’arrière de l’édifice; les murs extérieurs en pierres des champs grossièrement taillées; l’intérieur dégagé, conçu pour faire office de musée, avec l’espace à découvert sous la voûte en berceau, la large porte à deux vantaux, les fenêtres latérales et l’immense vitrail rond au-dessus de l’entrée; les moulures des murs et de la voûte, la corniche denticulée et les chambranles de fenêtre.

La façon dont l'Église commémorative est un important repère symbolique qui affirme le caractère actuel du lieu historique dans le paysage panoramique du lieu historique national du Canada de Grand-Pré.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L’Église commémorative a été construite en 1922 par la Société nationale l’Assomption avec l’aide de la Dominion Atlantic Railway. Il s’agit d’un monument élevé à la mémoire des Acadiens victimes de la déportation. L’édifice est devenu la propriété de Parcs Canada en 1957. Des travaux ont alors été entrepris pour réparer la structure et refaire l’intérieur du bâtiment. Consulter le rapport 91-168 du BEEFP.

Raisons de la désignation

L’Église commémorative a été désignée édifice classé, d’abord parce qu’elle est associée à un courant d’idée en vogue au début du siècle, qui voulait qu’on érige des monuments commémoratifs pour glorifier l’histoire du Canada et promouvoir le tourisme, ensuite parce qu’elle présente des formes empruntées aux ouvrages d’architecture édifiés sous le Régime français et, enfin, parce qu’elle est un important symbole national de l’histoire de l’Acadie et de la culture acadienne.

La fin du XIXe siècle et le début du XXe ont été témoins d’un intérêt accru au Canada pour la sauvegarde de lieux historiques et la commémoration de personnes et d’événements d’importance historique nationale. Afin de perpétuer le souvenir de la déportation des Acadiens, l’historien John Frederic Herbin a proposé qu’on aménage un parc à l’endroit où se serait élevée jadis l’église paroissiale acadienne du bassin Minas. La construction de l’église et du parc commémoratifs de Grand-Pré est le résultat des efforts conjugués de la Société nationale l’Assomption, organisme s’intéressant à l’histoire de l’Acadie, et de la Dominion Atlantic Railway, qui encourageait le tourisme afin de stimuler l’essor des chemins de fer. La déportation des Acadiens était alors entrée dans la légende grâce à la publication, au milieu des années 1800, du poème Évangéline, de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow. S’étant rendu compte de la popularité de ce personnage héroïque parmi les touristes américains en visite dans la région, la Dominion Atlantic Railway a financé la création du Pays d’Évangéline et la publicité destinée à y attirer les touristes.

L’Église commémorative, qui devait évoquer l’église acadienne initialement bâtie à cet endroit, est l’œuvre de l’architecte de Moncton René-Arthur Fréchet, qui se serait possiblement inspiré des idées de l’architecte montréalais Percy Nobbs. Nobbs, qui avait reçu en Grande-Bretagne une formation se réclamant de l’école Arts and Crafts et qui s’intéressait à l’architecture vernaculaire canadienne, est celui qui a dessiné les plans du parc commémoratif. Le sculpteur canadien Philippe Hébert a, quant à lui, créé pour ce parc une statue représentant le personnage mythique d’Évangéline. L’endroit n’a pas tardé à devenir un emblème de l’Acadie et une destination touristique très recherchée. L’église, principal centre d’attraction du parc, continue d’accueillir des touristes et des pèlerins d’ascendance acadienne de partout en Amérique du Nord et est un point d’intérêt national.

Éléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de l’Église commémorative réside, d’une part, dans son apparentement avec l’architecture vernaculaire, comme en font foi la forme de l’édifice, les matériaux utilisés et les détails intérieurs, et, d’autre part, dans son décor historique.

L’architecte s’est inspiré des églises québécoises du XVIIIe siècle, soit de l’époque du Régime français, pour concevoir les plans de cette représentation de l’ancienne église acadienne. Cette esthétique s’exprime dans le plan rectangulaire, le toit en pente raide avec égouts retroussés, le clocher simple, l’oeil-de-boeuf du mur pignon et les fenêtres en plein cintre à carreaux multiples.

L’emploi de matériaux de construction traditionnels, tels les pierres des champs grossièrement équarries dont sont revêtus les murs extérieurs et le cuivre des garnitures, est également calqué sur les usages du Régime français. Depuis que les éléments en cuivre des gouttières et du clocher ont été enlevés, les rapports ne sont plus aussi évidents.

L’intérieur de l’église, aire libre de tout obstacle, a été conçu pour servir de musée, comme en témoignent l’espace à découvert sous la voûte en berceau, la large porte à deux vantaux, les fenêtres latérales et l’immense lunette au-dessus de l’entrée, tandis que la partie correspondant à la sacristie tenait lieu de local de réunion. Le vitrail qu’on a installé dans la lunette en 1986 respecte les intentions des architectes qui ont dessiné les plans initiaux. Pendant les travaux de rénovation effectués à l’intérieur, en 1957, on a enlevé le parquet primitif en carreaux de carrière et les lambris d’appui en marbre, à cause, possiblement, de problèmes de structure. Les revêtements intérieurs primitifs encore existants, y compris les moulures des murs et de la voûte, la corniche denticulée et les chambranles de fenêtre, sont typiques du style Renaissance française tel que rendu par Fréchet.