Hutte Dedrick

Édifice fédéral du patrimoine classé

Parc national du Canada Quttinirpaaq, Nunavut
Vue générale de la hutte Dedricks. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Lyle Dick, 2010
Vue générale
© Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Lyle Dick, 2010
Vue générale de la hutte Dedricks montrant les  élévations nord (à droite) et est (à gauche). © Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency, J. WebsterVue générale de la hutte Dedricks. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Lyle Dick, 2010Vue générale du complex. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Lyle Dick, 2010
Adresse : Pangnirtung - Fort Conger - Discovery Bay, Parc national du Canada Quttinirpaaq, Nunavut

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1991-11-28
Dates :
  • 1900 à 1900 (Construction)

Autre nom(s):
  • Bâtiments de Fort Conger, Hutte Dedrick  (Autre nom)
Ministère gardien Parcs Canada
Référence du rapport BEEFP 88-177
Numero RBIF : 56482 00

Description du lieu patrimonial

Isolés dans la nature sauvage du nord de l’île d’Ellesmere, les édifices du fort Conger consistent en un groupe de trois petites huttes à charpente de bois agencées selon un plan en L. Elles sont partiellement enterrées et reliées par des tunnels pratiqués dans leurs fondations. Toutes les huttes sont revêtues d’un parement de planches de bois et couvertes de toits plats inclinés à l’inverse du centre de l’ensemble. L’emploi de terre, de mottes de gazon ou de neige sur les toits ou plaquées contre les murs ajoutent des couches supplémentaires d’isolation. La hutte Henson est la structure la plus complète, n’ayant rien perdu de son parement extérieur. La hutte Dedrick, au milieu du groupe, a perdu la plupart de son parement extérieur tandis que la hutte Inuit a perdu son toit, le mur de l’ouest et la plupart de son parement extérieur. Des vestiges archéologiques parsèment les lieux. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

Les huttes de Fort Conger ont été désignées édifices classés parce qu’elles comptent parmi les rares constructions encore debout associées à l’exploration de la région polaire boréale au tournant du XXe siècle, et plus particulièrement aux tentatives de Peary pour atteindre le pôle Nord. Bien que l’expédition de 1901-1902 ait échoué, beaucoup de personnes attribuent la conquête du pôle Nord à Peary, qui réussit à atteindre son but en 1909; les bâtiments de Fort Conger servirent alors de campement secondaire aux membres de l’expédition.

La désignation de ces huttes tient aussi au fait qu’elles sont un exemple de l’adaptation fonctionnelle de bâtiments au climat arctique. Le site de Fort Conger, sur la baie de Lady Franklin, est le plus septentrional des camps de base utilisés au cours des premières expéditions d’exploration de la région polaire boréale. Peary a su allier les techniques et matériaux occidentaux aux principes de conception des Inuits pour arriver à créer des bâtiments rudimentaires, mais bien isolés, qui, malgré près d’un siècle d’existence, demeurent dans un état de conservation raisonnable. Grâce à ce mariage d’idées, l’adaptation au milieu des ouvrages bâtis s’en est trouvée nettement améliorée par comparaison avec ce que les expéditions antérieures avaient pu faire.

Bien que l’endroit ait également servi par la suite à des expéditions américaines, danoises et britanniques, son caractère de début du siècle est resté intact. Ce groupe de constructions en bois et les vestiges archéologiques qui y sont associés demeurent un point de repère régional dans cette étendue de pays isolée et sauvage du nord de l’île d’Ellesmere.

Éléments caractéristiques

Voici les principaux éléments qui définissent le caractère patrimonial des trois huttes de Fort Conger : la valeur de point de repère de l’endroit dans un milieu où la population est très dispersée; la taille réduite des constructions et l’utilisation de terre, de mottes de gazon et/ou de neige sur le toit et contre les murs pour créer des couches d’isolation supplémentaires; la construction en partie souterraine et les entrées creusées en tunnel pour limiter la pénétration d’air froid à l’intérieur; la concentration des bâtiments pour faciliter le passage d’une hutte à l’autre par le moyen de tunnels, conformément aux méthodes de construction inuites; les matériaux récupérés dans des constructions instables (montants en bois, papier goudronné, planches, poêles en fonte) et le recours à la charpente de bois et à l’isolation centrale des murs, techniques de construction typiquement occidentales.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L'emplacement de Fort Conger est composé de trois baraques construites en 1900 par l'ingénieur et explorateur américain Robert E. Peary pour servir de camp de base principal dans sa tentative d'atteindre le Pôle Nord en 1901-1902. En plus de ces baraques, l'emplacement contient également des vestiges archéologiques. Deux des baraques sont raisonnablement intactes; la troisième a perdu son toit et une partie de deux murs. Parcs Canada est l’agence responsable du site. Consulter le rapport
88-1 77 du BEEFP.

Raisons de la désignation
Les édifices de Fort Conger ont été désignés «édifices classés» en raison de leurs liens étroits avec l'exploration de l'Arctique, en particulier avec les tentatives de Peary d'atteindre le Pôle Nord. Les baraques de Fort Conger sont de rares exemples d'édifices intacts associés à l'exploration du Pôle Nord au début du siècle. Ils ont également été désignés parce qu'ils représentent l'adaptation fonctionnelle des structures au climat du Haut-Arctique et en raison de l'intégrité de l'emplacement dans son cadre naturel éloigné.

L'emplacement de Fort Conger sur la baie Lady Franklin fut le camp de base le plus septentrional utilisé lors des premières explorations de la région du Pôle Nord. Des expéditions furent menées dans la région par le capitaine britannique George S. Nares en 1875-1876 et par le lieutenant américain Adolphus Greely en 1881, et elles ont toutes deux entraîné des pertes de vie dues au manque de vivres et à l'insuffisance des abris. L'expédition de Peary en 1898-1902 fut menacée en 1900; en effet, son navire le Windward, sur lequel il comptait passer l'hiver, n'arriva pas comme prévu à Fort Conger. Peary se servit alors de matériaux provenant d'une maison construite sur les lieux par l'expédition Greely pour construire les trois baraques, ainsi qu'un bâtiment pour la cuisine, dont il ne reste que quelques vestiges. Ayant étudié les abris dans l'Arctique, Peary fut capable de combiner la technologie et les matériaux occidentaux avec les principes de conception des Inuit pour créer des structures rudimentaires mais bien isolées, qui sont restées raisonnablement intactes pendant près d'un siècle. Cette fusion d'idées fut une amélioration marquée dans l'adaptation environnementale des structures par rapport à celles qui avaient été construites lors des expéditions antérieures. Le concept de Peary fut le précurseur d'une conception de construction pour un logement d'urgence dans l’Arctic Manual rédigé en 1940 par Vilhjalmur Stefansson pour l'armée des États-Unis.

Malgré l'échec de sa tentative d'atteindre le Pôle Nord en 1901-1 902, il y parvint en 1909, et les édifices de Fort Conger servirent alors de base auxiliaire pour l'expédition.

intact. Le groupe de structures historiques en bois et de vestiges archéologiques correspondants, situés dans le cadre isolé et sauvage du nord de l'lle d'Ellesmere, est un point d'intérêt régional.

Eléments caractéristiques
La valeur patrimoniale des trois baraques de Fort Conger repose sur les caractéristiques de conception qui en ont facilité l'utilisation comme locaux d'habitation dans un climat extrêmement froid et sur le statut de l'emplacement qui est un point d'intérêt dans un environnement à population éparse.

La petite échelle des structures, l'emploi de terre, de plaques de gazon ou de neige sur le toit et en monticules contre les murs pour créer des couches additionnelles d'isolation, la construction en partie souterraine employant des entrées en tunnel pour limiter la pénétration de l'air extérieur et le regroupement des bâtiments pour faciliter leur interconnexion par des tunnels témoignent des principes de conception des Inuit. Les matériaux de construction préservés - bois boulonné, papier goudronné, planches, poêles en fonte - et l'utilisation d'une ossature en bois et d'une isolation entre les murs témoignent des technologies de construction occidentales. La combinaison de ces matériaux et principes de conception ont donné un abri de conception remarquablement réussie et de grande importance historique. Tout devrait être fait pour continuer de préserver les matériaux d'origine sans altérer le caractère utilitaire des structures.

Pour préserver l'intégrité de l'emplacement et du cadre, l'endroit devrait rester non exploité.