Lieu historique national du Canada de l’Ancien-Pensionnat-Indien-de-Portage-La-Prairie
Portage La Prairie, Manitoba
Façade de l'édifice
(© Parks Canada | Parcs Canada)
Adresse :
5000, chemin Crescent Ouest, Portage La Prairie, Manitoba
Loi habilitante :
Loi sur les lieux et monuments historiques (L.R.C. (1985), ch. H-4)
Date de désignation :
2020-07-23
Dates :
-
1914 à 1915
(Construction)
Autre nom(s):
-
L’ancien pensionnat indien de Portage La Prairie
(Nom de la désignation)
-
L'édifice Rufus Prince
(Autre nom)
Numéro du rapport de recherche :
2019-24
Description du lieu patrimonial
Avertissement : Il peut être pénible ou traumatisant de lire sur les pensionnats autochtones. Une ligne d’écoute téléphonique des pensionnats autochtones a été établie à l’échelle du pays pour offrir un soutien aux anciens élèves des pensionnats et à leur famille. Appelez la ligne d’écoute téléphonique au 1 866 925 4419 si vous ou quelqu’un que vous connaissez souffrez d’un traumatisme en lisant le contenu de ce site Web.
Le lieu historique national du Canada de l’Ancien- Pensionnat-Indien-de-Portage-La-Prairie est un grand bâtiment en brique de trois étages situé dans la réserve Keeshkeemaquah, sur les terres de réserve de la Première Nation de Long Plain, à l’extérieur de la petite ville de Portage La Prairie, au Manitoba. Sa conception est de style hybride néo-italianisant, l’un des styles particulièrement en vogue à l’époque pour les pensionnats autochtones. L’ancien pensionnat se trouve sur un terrain arboré, en retrait d’une route relativement paisible, à proximité d’un petit quartier résidentiel et d’édifices appartenant à la Première Nation ainsi que de terres agricoles et du lac Crescent. Auparavant, les terres agricoles du pensionnat s’étendaient bien au-delà du périmètre actuel. La reconnaissance officielle fait référence au territoire qui couvre les limites actuelles du lot, essentiellement le terrain arboré environnant.
Valeur patrimoniale
L’ancien pensionnat indien de Portage La Prairie a été désigné lieu historique national du Canada en 2020. Il a été reconnu pour les raisons suivantes :
• construit en 1914-1915, l’ancien pensionnat indien de Portage La Prairie est l’un des rares exemples subsistants des pensionnats indiens établis à travers le Canada. Gérée d’abord par l’Église presbytérienne, puis par l’Église unie, cette école fait partie du réseau de scolarisation en pensionnat au Canada, un régime permettant au gouvernement fédéral et aux Églises chrétiennes d’unir leurs efforts pour tenter d’assimiler les enfants autochtones, de les convertir au christianisme et de les isoler de leur famille, de leur culture, de leur langue et de leurs traditions;
• les enfants envoyés au pensionnat indien de Portage La Prairie proviennent de plusieurs Premières Nations et d’autres communautés autochtones au Manitoba et ailleurs. Dans cet établissement, ils ont dû faire face à une discipline sévère, à des abus, à du travail exigeant, à de la négligence affective, à des tentatives d’anéantissement de leur langue et de leur culture ainsi qu’à l’isolement de leur famille et de leur communauté. Plusieurs enfants s’enfuient, dont certains ont été ramenés de force. D’autres ont choisi la voie de la résistance, notamment en continuant secrètement de parler leur langue. Les expériences des survivants du pensionnat indien de Portage La Prairie et des autres pensionnats ont eu des incidences sur les membres de ces Premières Nations pendant des générations;
• la conception de ce bâtiment de trois étages est typique des pensionnats indiens construits au début du XXe siècle et reflète les normes de conception des écoles eurocanadiennes. Sa dimension imposante, son caractère institutionnel et de confinement ainsi que son environnement restrictif inspiraient un sentiment de désaffection, d’intimidation et de peur aux enfants autochtones qui y étaient pensionnaires. Son architecture n’était pas adaptée sur le plan culturel à des enfants habitués à vivre dans un milieu ouvert et familier où ils étaient libres d’explorer.
Le pensionnat ferme ses portes en 1975. Six ans plus tard, le bâtiment et les terrains environnants sont cédés à la Première Nation de Long Plain pour remplir en partie leurs droits fonciers issus des traités. Depuis, la Première Nation a réadapté l’école pour lui conférer plusieurs vocations communautaires. Le bâtiment a acquis un nouveau sens en tant que lieu de résilience et de commémoration qui permet de préserver l’héritage de l’ère des pensionnats et d’instruire le public.
Bien que l’on retrouve encore à l’intérieur et à l’extérieur des éléments architecturaux datant de l’époque où le bâtiment servait de pensionnat, la coupole surmontant l’entrée principale et les vérandas situées à l’arrière ont été retirées. Dans les années 1980, le bâtiment est passé aux mains de la Première Nation de Long Plain, qui l’a réadapté pour lui conférer plusieurs vocations communautaires. Depuis, le bâtiment est valorisé en tant que lieu de résilience et est en partie réservé à un musée qui en relate l’histoire.
Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, procès-verbal, décembre 2019.
Éléments caractéristiques
Parmi les caractéristiques qui confèrent à ce lieu sa valeur patrimoniale, notons : le fait qu’il se trouve sur son lot original, entouré d’arbres matures, d’espaces gazonnés et de routes pavées ou de routes de gravier; le chemin en forme de «¿U¿», un élément de l’aménagement paysager d’origine; les poteaux d’entrée en brique d’origine, qui marquent l’accès du chemin à l’avenue Crescent Ouest; la clôture en fer forgé, qui entourait autrefois le terrain et qui existe toujours sur le bord du terrain qui longe la route; l’imposant bâtiment en brique de trois étages de style néo-italianisant hybride; le plan en forme de «¿H¿», typique de l’époque, avec son imposante entrée centrale en saillie coiffée d’un large fronton triangulaire percé d’une petite fenêtre en plein cintre ainsi que ses deux longues ailes latérales, construites perpendiculairement à la façade à gauche (au sud) et à droite (au nord) du bâtiment, avec la lucarne qui se détache de la toiture à l’étage du grenier; les portes de service permettant d’entrer dans l’aile sud et dans l’aile nord du bâtiment, autrefois des entrées distinctes pour les garçons et les filles du pensionnat; les fenêtres étroites, disposées à égale distance sur toutes les élévations du bâtiment; l’entrée principale dotée d’un large porche soutenu par d’étroites colonnes, à laquelle on accède par un escalier extérieur; le plan général du rez-de-chaussée et du deuxième étage, chacun doté d’un long couloir ouvrant sur différentes pièces et, dans les ailes, sur de larges espaces témoignant de l’aménagement prévu pour un pensionnat; les escaliers aux deux extrémités du bâtiment, utilisé respectivement par les garçons et les filles du pensionnat pour accéder aux dortoirs du dernier étage, aux salles de classe et de jeux du rez-de-chaussée et aux toilettes et à la salle à manger du sous-sol.